Techniciens médicaux (S3 É5)

Techniciens médicaux (S3 É5)

Découvrez ce que font les techniciens médicaux et pourquoi on les appelle « Doc »!

[Musique commence]

Adjudant-maître Jean-Sébastien Morin : La journée que t’as décidé de devenir un technicien médical, c’est la journée que t’as décidé de devenir un leader. Surtout pour le fait que les gens se revirent vers toi quand ça va pas bien.

Capitaine Adam Orton : Salut! Ici capitaine Adam Orton du Balado de l’Armée canadienne. Et pour cette épisode-ci, on va parler des techniciens médicaux. Puis honnêtement, je peux pas penser à un métier de soutien plus commun dans les films ou la télévision que les médics. Puis aujourd’hui notre invité, l’adjudant-maître Jean-Sébastien Morin va nous expliquer un petit peu du rôle des techniciens médicaux. Il provient du Groupe des services de santé des Forces canadiennes ici à Ottawa.

Bienvenue au Balado!

[Musique termine]

Adjudant-maître Jean-Sébastien Morin : Merci!

Capitaine Adam Orton : Donc, peut-être pour commencer, contez-nous une histoire qui représente l’expérience ultime d’être un technicien médical. Qu’est-ce que ça d’lair?

Adjudant-maître Jean-Sébastien Morin : La première expérience, l’image que j’ai dans ma tête, je pense que je retourne à mon expérience en Afghanistan qui a été ma première expérience opérationnelle en tant que technicien médical, puis j’étais avec le 2 RCR avec un peloton d’Infanterie, essentiellement. J’étais leur ‘medtech’ attitré. C’est ça on conduisait des opérations de présence de façon plus offensives, de nature plus offensives des choses comme ça.

Évidemment, la première fois que les choses se mettent à exploser, ou qu’il y a de l’action si on veut, c’est là que, on sent vraiment que c’est là le moment. Les choses peuvent aller très bien ou les choses peuvent aller très mal. L’anticipation est là. Tout le travail qu’on a mis dans les mois qui ont passé ou même les années qui ont précédées cet événement-là revient dans notre tête : « Est-ce que on va être prêt? » Puis on se dit dans le fond, c’est là, c’est le moment de vérité.

Je crois que j’ai été chanceux la première fois qu’on est tombé sous contact, puis y’a personne qui a été blessé. Par contre, évidemment, à travers les mois qui ont suivi, il est arrivé un moment où on était en train de voyager en convoi et c’est lorsqu’un véhicule suicide a surgit d’une ruelle et puis a fait exploser un de nos véhicules blindés en avant. Puis le véhicule ne pouvait plus bouger. Il était en feu. Puis, évidemment il y avait des gens, pas pour vous rendre les choses pires qu’elles étaient, mais c’était ils étaient sorti des écoutilles. Ça fait que eux tout le flash thermique, l’explosion, eux l’ont eue. En fait la moitié de leur corps l’ont eu. À côté, je savais que les choses allaient probablement pas être nécessairement faciles à traiter. Tu sais je le savais que ça allait être un peu plus compliqué sachant qu’il y avait plusieurs personnes à bord de ce véhicule-là. Ça fait que moi j’étais à l’arrière dans un autre véhicule, mon adjudant de peloton s’est retourné et a dit : « Jean-Seb, C’est le temps! » Puis en même temps que je venais de voir un peu l’explosion, le nuage qui montait encore dans le ciel dû à l’explosion, je me m’étais dit, oui c’est ça. La rame du véhicule blindé a finalement descendu, on a pu sortir, à ma mémoire, il y avait cinq personnes qui avaient besoin d’aide à ce moment-là. Puis évidemment on devait travailler vite. Il y avait d’autres gens pour m’aider. Évidemment la sécurité était très très très importante donc j’avais pas beaucoup d’aide, mais on peut pas choisir un peu ce qui se passe.

Puis après ça bien, j’ai priorisé mes patients puis donné l’information au peloton. On a appelé un hélicoptère, puis l’hélicoptère a atterri à quelques mètres de nous-là. Parce que eux aussi savaient qu’ils n'avaient pas beaucoup de temps. C’est quelque chose qui s’est passé extrêmement rapidement, puis on a embarqué les cinq personnes. Sur l’hélicoptère, certaines personnes pouvaient marcher, certaines personnes pouvaient pas marcher ou devaient être alitées. C’était vraiment à ce moment-là, ce que j’avais vu un peu ou ce que j’avais perçu dans ma tête de ce qu’un ‘medtech’ fait ou un médic fait dans l’Armée.

C’était un peu bizarre cette journée-là parce que je suis peut-être une personne superstitieuse aussi des fois. Cette journée-là je m’étais dit : « Ah, bien c’est finalement la journée la plus chanceuse. » On était en 2007, le 7 juillet, le 7e mois. Le 777, puis je veux dire les choses peuvent toutes bien aller cette journée-là puis évidemment bien, c’était tout le contraire parce que c’est ‘Murphy’s Law’. Mais les choses ont bien tourné. Les gens ont été traités et puis sont tous retournés en service après ça.

Capitaine Adam Orton : Peut-être ça été chanceux après tout.

Adjudant-maître Jean-Sébastien Morin : Oui, non c’est ça, on peut voir ça de deux façons, mais initialement, c'était pas nécessairement la meilleure journée pour être chanceux.

Capitaine Adam Orton : Donc, on a une idée de qu’est-ce que ça a l’air. Mais moi je suis un soldat, je suis une recrue, je viens juste de commencer puis je deviens un technicien médical. Qu’est-ce que ça l’air mon entraînement? Comme, comment que ça commence?

Adjudant-maître Jean-Sébastien Morin : Bien après l’entraînement à l’école de recrue, on commence une phase qui est donnée à l’école des services de santé à Borden en Ontario. C’est lorsqu’on commence dans le fond à être introduit au monde médical, puis surtout du côté clinique si on veut. Parce que ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les techniciens médicaux on couvre deux champs de la médecine qui peuvent être séparés si on veut, mais nous on les apporte un peu ensemble donc il y a un côté clinique un peu plus soins infirmiers, soins aux patients qu’on voit en premier lieu. Ça c’est l’introduction dans le fond. On apprend à prendre une pression. On apprend à faire des choses de base. Tu sais médecine 101, comment donner des soins puis même aussi comment conduire une interview avec des patients. Puis c’est important pour plus tard parce que c’est lorsque on devient bon à poser plusieurs questions que on peut trouver certaines choses qui étaient pas nécessairement évidentes. Pour revenir à l’entraînement, on fait la partie clinique. On fait différents examens physiques après quoi on transfère vers une école de soins paramédicaux qui est une institution civile. En ce moment pour les francophones et les anglophones vont à Moncton, au Nouveau-Brunswick pour compléter leur entraînement d’ambulancier. C’est une version peut-être plus abrégée, mais quand même complète afin de devenir un ambulancier. Puis c’est les mêmes standards. Il n’y a pas rien qui change puis c’est le domaine pré-hospitalier. Je parlais du domaine clinique que vous avez à Borden, puis ça le domaine pré-hospitalier des soins d’urgence. Je veux dire pour mon expérience, c’est toujours la partie la plus excitante parce que tu adresses des patients ou potentiellement des blessures qui pourraient changer leur vie ou potentiellement même leur coûter leur vie.

Puis après qu’on ait complété le cours d’ambulancier, bien on retourne à Borden pour une phase axée sur ce qu’on va faire dans le champ. Dans le fond, en termes simples, dans le fond des opérations en campagne. Puis c’est vraiment ce que culmine tout ton entraînement, puis on a calqué ça dans un milieu opérationnel.

Durant cette phase-là, on essaie de montrer à des gens qu’il n’y a pas si longtemps, ils étaient encore civils. Puis en plus qui viennent de compléter un cours d’ambulancier au civil de maintenant prendre leurs habiletés et leurs connaissances, puis les appliquer dans des moments où c’est un peu plus moins confortable où faut tu sois un peu plus fluide avec des opérations de combat ou des choses comme ça où que les gens, c’est pas nécessairement qu’ils vont avoir les conditions idéales comme on aurait peut-être du côté civil tu sais où il y a des gens, il y a beaucoup de lumière, on est dans un endroit, on est proche d’un hôpital, tout va bien, ça sent bon, on est pas fatigué. Puis c’est pas rien pour enlever au coût des civils parce qu’ils font un travail extraordinaire. Mais lorsque les gens se rendent compte que ça va être un peu plus difficile disons d’appliquer une certaine habileté dans le milieu d’une forêt où dans une opération puis ça fait trois jours que t’as pas dormi. Ça fait que c’est différent.

Tout ça pour dire que ça prend à la toute fin presque un an à compléter avec tout l’entraînement clinique, pré-hospitalier puis après ça la phase d’opération en campagne. Puis, après ça, bien c’est ça on est muté à notre première unité.

Capitaine Adam Orton : Puis, une fois muté à l’unité, c’est une autre histoire à ce point-là.

Adjudant-maître Jean-Sébastien Morin : Oui, c’est ça, c’est évidemment je pense que des fois c’est une peu pas un coup de dé, mais c’est des choses les besoins du service font en sorte que la plupart du temps les gens vont s’en aller vers l’Armée, puis après ça quelques autres personnes vont être dirigés vers d’autres éléments. Pour moi mon expérience, j’ai été muté à la 5e ambulance de campagne à Valcartier, à Québec. Même si j’avais un peu une idée de quoi je m’étais embarqué et bien, je savais pas exactement ce qui était pour arriver. Puis c’est la même chose pour les gens qui se présentent parce que souvent les jeunes techniciens médicaux vont arriver, puis ils vont dire bien moi je veux vraiment faire des opérations avec des unités de combat ou je veux faire plus de soins cliniques dans une unité de prestation de soins ou on a tous notre version de ce qu’on aimerait faire. Bien moi à l’époque, moi je voulais faire des choses plus Armée en étant un ex-artilleur de campagne et puis aussi l’Afghanistan commençait. Puis, évidemment bien c’est pas ça qui est arrivé directement au début. J’ai commencé avec le bataillon de service et dans le temps c’était un un poste à l’intérieur de l’unité lorsque je faisais plus de soins qui étaient plus cliniques si on veut qui étaient la parade des malades, bonne vieille parade des malades. Puis c’est ça les choses commençaient à vraiment se mettre en branle pour l’Afghanistan, puis là évidemment mon idée était faite que je voulais aller là, que je voulais faire ce que m’étais entraîné pour.

Et puis, un an, un an et demi plus tard en fait c’est lorsque je suis parti pour l’Afghanistan. Mais durant ce temps-là, c’était vraiment le temps d’apprendre parce que c’était vraiment le point de départ parce que comme je vous ai dit dans le passé, plus tôt dans le fond, si on peut pas préparer les gens d’avoir la solution à 100 pourcent, sur leur cours initial, de technicien médical, puis faut prendre de l’expérience.

Dans un monde idéal, c’est lorsque des gens arrivent dans une unité avec l’Armée que eux prennent le temps, peuvent pratiquer, peuvent apprendre, se faire mentorer, ou coacher, puis c’est un processus qui est évolutionnel aussi si on veut. Au moment où les choses vont devenir réelles où tu vas avoir des premiers patients, bien c’est là que tu vas être prêt à réagir, puis tu vas te sentir prêt à l’attaque si on veut. Mais encore là, ça c’est pas beaucoup de techniciens médicaux, c’est tout le temps la question à cent piastres, si on veut, est-ce qu’on est prêt? Est-ce que j’ai vraiment couvert tout ce que j’avais besoin? Est-ce que j’ai toutes mes habiletés et puis on travaille très très fort à devenir le meilleur ou la meilleure version d’un technicien médical dans les Forces. ‘I guess’ que c’est peut-être une chose personnelle dans le fond-là.

Capitaine Adam Orton : C’est une bonne raison.

Adjudant-maître Jean-Sébastien Morin : Oui c’est une bonne raison. Je trouve que à la fin de la journée aussi, puis peut-être se sentir qu’on a fait tout ce qu’on pouvait pour aider nos pairs.

Capitaine Adam Orton : Donc, on a souvent l’image de la personne qui court, puis il y a quelqu’un qui s’est blessé ou qui s’est fait blesser, puis il commence à travailler dessus, mais tu sais ça c’est plus peut-être une perspective de soldat caporal haut-là, t’es peut-être au niveau du peloton, mais le processus auquel que un soldat blessé passe, c’est un peu plus élaboré que ça. Ça commence là. Mais il y a plus à dire pour un technicien médical que juste la partie initiale de prendre soin d’un soldat. Est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu de qu’est-ce que ça a l’air ce cheminement-là?

Adjudant-maître Jean-Sébastien Morin : Évidemment, il y a plusieurs choses qui rentrent en ligne de compte, puis jusqu’à temps qu’on est là est en train d’aider un soldat blessé ou un individu, puis il y a beaucoup de préparatifs. Puis c’est quelque chose qui est encore là. Comme je dirais auparavant comme un art qu’on développe. Puis pour les techniciens médicaux, on devient très bon à planifier ou au moins à regarder tous les scénarios possibles. Puis c’est toujours de s’assurer un peu qu’on ait un plan. Parce que je vais le dire un peu, ça va peut-être sonner un peu cliché, mais quelqu’un m’a dit un jour : « La journée que t’as décidé de devenir un technicien médical, c’est la journée que t’as décidé de devenir un leader. » Puis c’est quelque chose dans le fond que j’ai gardé en tête. Surtout pour le fait que les gens se revirent vers toi quand ça va pas bien. Dans le fond, tu n’exerces pas tes fonctions quand les choses vont bien. C’est quand les choses vont mal, à différents niveaux. C’est un peu ça que j’ai gardé comme philosophie où je vais mettre tous les efforts pour m’assurer que je suis prêt et que aussi mes collègues sont prêts et que eux ont reçu le bon entraînement aussi, que j’ai l’équipement, que j’ai une idée de comment on va se sortir de ce trouble-là, aussi des fois juste l’évacuation parce que l’évacuation peut tourner en plan A, plan B, plan C, même puis de genre devenir créatif.

Ça c’est une chose que les techniciens médicaux savent c’est d’être créatif des fois parce que ça va jamais exactement comme on le veut. Puis dans le scénario idéal, tu sais le patient est pris en charge. On fait en sorte qui survit l’évènement. Puis, même durant ce temps-là c’est quelque chose qui peut changer c’est une situation très fluide. Surtout dans un contexte opérationnel où les choses on peut retourner à être sous le tir ou la menace ennemie dans une fraction de seconde. Ça fait que même l’aspect de sécurité passe où on place notre patient. Garder aussi notre tête dans la ‘game’ si on veut pour en termes clairs, ou simples, mais d’être tout le temps être très au fait de ce qui se passe. Puis surtout de regarder aussi ce que nos collègues font. Puis, c’est pas qu’on leur fait pas confiance, mais c’est de s’assurer que les meilleurs soins sont donnés. Parce que des fois sous le stress, les gens peuvent faire des choses tu sais, même des erreurs d’inattention. Puis on veut juste que les choses se déroulent bien. Essentiellement, c’est beaucoup beaucoup de choses à contrôler en même temps dans un environnement. C’est plus que juste courir et aider notre ami, le mettre sur notre épaule puis sauver la situation puis s’en aller. Évidemment, ça c’est la fin de la situation.

Capitaine Adam Orton : Donc on voit souvent dans un peloton ou dans une compagnie, les médics deviennent proches avec les soldats qui sont là. Je pense aux médics sur mon déploiement qui tu sais ils faisaient vraiment partie de l’équipe mais là il y a eu un incident, puis tu sais il y a eu des gens qui étaient blessés qui étaient morts, puis c’est vraiment on voit les gens, puis même les médics eux-mêmes vivent leur pire journée.

Comment est-ce que vous gérez des situations difficiles quand vous êtes à votre pire, puis les gens à l’entour de vous regardent à vous pour les solutions?

Adjudant-maître Jean-Sébastien Morin : Je dirais que c’est une combinaison de plusieurs facteurs. En premier lieu, je pense pas que personne est prêt ou a définitivement une compréhension complète de qu’est-ce que eux pourraient ressentir cette journée-là, une journée qui va très mal un peu comme dans le fond comme dans la vie où la vie nous prend par surprise, puis c’est un peu le cas. De la manière qu’on a été élevé, notre éducation, notre parent ou nos différentes expériences de vie peuvent influencer ça. Ça, c’est la première chose. La deuxième aussi, c’est l’entraînement, de savoir que on a mis tous les efforts aussi puis toutes les chances de notre côté. Dans le fond quand on s’est présenté, on était prêt. Puis ça c’est quelque chose qui nous aide à accepter un peu plus la situation. On fait un peu l’examen complet des évènements, si on veut une revue des évènements, puis on se dit : « Est-ce que j’aurais pu faire ça, mieux? Est-ce que j’aurais pu faire ça d’une telle manière ou complètement différente? » Puis c’est des choses qu’on doit voir dans le fond d’une perception plus professionnelle que personnelle.

Je pense que des fois c’est juste d’être prêt à accepter certaines réalités. Puis en même temps des fois on ne sait pas jusqu’à temps qu’on fait face à ça puis il n’y a pas vraiment de préparation, de solutions miracle. Il y a plusieurs disons podcasts sur la résilience, les choses comme ça. Il n’y avait pas de meilleure avenue. Si les gens voulaient pas en parler, ils voulaient pas en parler. Puis certaines gens étaient très vocaux à propos de ce qui s’était passé. Puis, c’est pas quelque chose des fois qui se règle en une journée. Je pense des fois que c’est le choc initial, mais tu sais ‘I guess’ qu’il s’agit de prendre conscience que si on se met à avoir beaucoup de difficultés à comprendre l'événement ou à accepter le résultat, qu’est-ce qui est arrivé cette journée-là, puis c’est lorsqu’on va demander de l’aide ou des choses comme ça bien c’est important. Durant un de mes deux tours en Afghanistan, à un certain point durant le milieu du tour, ou le déploiement, un des fantassins de la section s’est retourné c’était vraiment en plein milieu de la journée. Il n’y avait absolument aucun contexte, puis il m’a dit : « Puis toi doc, tu nous demandes tout le temps comment ça va, nous on te demande jamais comment ça va. Puis il me dit : ‘Comment ça va?’ » Jai dit : « Bien, j’ai une histoire pour toi mon ami, parce que j’ai beaucoup de choses. » Puis faut pas attendre ‘I guess’ nécessairement qu’il y ait des évènements qui arrivent. C’est constamment un travail aussi. On prend soin des gens, puis des fois on s’oublie. Puis, c’est ça l’important parce que on absorbe, on est comme un peu une éponge où ce que les gens viennent vous voir quand ça va pas bien. Puis en-dedans tu les connais.

Je pense que du côté civil, des fois c’est un peu moins personnel juste parce que t’as des blessés, des gens qui leur est arrivé un incident qui sont complètement inconnus des travailleurs paramédicaux qui vont arriver, des ambulanciers qui vont arriver sur la scène. Puis nous en fait, c’est des gens qui se sont ouverts à nous. On connaît tous leurs petits bobos aussi. Puis par les conversations, tu développes cette relation-là, puis c’est une expérience comment je disais vraiment plus personnelle, vraiment plus viscérale. Pour moi, c’est comme ça que je le vois, puis faut juste être conscient des scénarios qui pourraient arriver dans le futur, puis après ça on peut les adresser soit tout seul ou avec de l’aide. Puis il n’y a rien de mal à ça.

Capitaine Adam Orton : J’apprécie vraiment aussi que vous avez utilisé ça à plusieurs reprises-là. C’est comme : « Hé doc, chose, puis doc j’ai besoin de ça. » Tu sais comme moi, je ne suis pas un docteur, mais c’est comme le terme qu’on utilise tout parce que c’est vraiment l’expression c’est tu veux pas faire fâcher les cuistots, tu veux pas faire fâcher les médics parce qu’ils sont là pour toi puis sont là pour t’aider. Ce terme-là ‘Doc’ c’est quelque chose qui vraiment symbolise genre presque l’importance du médic dans le peloton. Puis tu sais t’as le chef de peloton, puis t’as l’adjudant, mais tu sais tu as le ‘Doc’ qui est là pour le monde qui est l’ami à tout le monde puis qui prend soin de l’équipe-là. Ça fait que qu’est-ce que vous pensez de ce rôle-là en termes de cette place-là dans le peloton?

Adjudant-maître Jean-Sébastien Morin : Évidemment, j’ai été honoré de pouvoir être un ‘Doc’ dans un peloton ou dans une sous-unité ou peu importe avec un groupe de gens. Puis c’est pas pour gonfler notre égo-là, ah j’aime ça me faire appeler ‘Doc’ ou peu importe, c’est vraiment un terme affectueux ‘I guess’ que les gens vont te dire. Puis c’est pas mal plus rapide que dire : « Hé toi le médic! » ou « Hé toi le technicien médical, viens ici! » C’est : « Hé doc! Viens ici! » Puis souvent ils vont dire : « Doc Morin. » ou si c’est plusieurs, « Docs », bien ils vont l’identifier comme ça. Mais j’aimerais aussi dire que des fois, c’est pas nécessairement qu’on est un être supérieur, loin de là, puis un être parfait. Puis je m’explique en disant que, souvent ils disent : « Ah bien Doc! » tu sais, c’est un rassemblement, un ambassadeur pour les choses, pour la santé, pour le bien vivre et puis ci, puis ça. Puis ça me rappelle un moment en Afghanistan où ce qu’on était, on revenait d’avoir été prêter main forte à un peloton qui avait été sous embuscade. Puis on était revenu. On avait passé une bonne partie de la nuit éveillés. Puis c’était de bonne heure le matin et moi mon déjeuner pour ce matin-là, c’était ‘I guess’ du tabac, puis des cigarettes, puis des boissons énergisantes. Puis, peut-être un muffin là-dedans, puis tu sais le trio au complet. Puis un des soldats me regardait puis il m’a dit : « Hé Doc, t’es pas censé être l’ambassadeur de la santé? Ou tu sais du bien-être des choses comme ça. Puis tu prends soin de nous puis là tu fais ça devant nous-là, tu fumes une cigarette à la place de prendre un déjeuner complet d’une ration? » des choses comme ça. J’ai dit : « Oui, et puis! Un je ne suis pas parfait et j’essaie tant bien que mal d’être un ambassadeur de la santé, mais aussi j’ai dit : ‘en ce moment, on n’est pas tout à fait en train de vivre un style de vie ou un mode de vie qui n’est pas à risque. Si tu regardes autour de nous-là, il y a beaucoup de choses qui se passent au courant d’une journée. Puis je crois que peut-être ma boisson énergisante est pas mal la chose la plus sécuritaire ou moins nocive que je vais faire aujourd’hui.’ » Surtout si on met les choses en perspective d’aller marcher en plein milieu d’un champ avec potentiellement de la force ennemie qui nous attend. Souvent, ‘Doc’ a des limites. Et puis, mais on comprend le sens de ce que les gens veulent dire quand ils nous appellent ‘Doc’.

Capitaine Adam Orton : Je ne pense pas que le balado serait complet si on discuterait pas peut-être de votre rôle en ce moment dans les Forces. Ça fait que, c’est quoi votre responsabilité, puis qu’est-ce qui nous regardent dans le futur pour le métier des techniciens médicaux?

Adjudant-maître Jean-Sébastien Morin : Bien, en ce moment, ça fait quelques mois de ça, on m’a demandé de me joindre à l’équipe en tant que conseiller technique sur une équipe qui regarde la structure d’emploi militaire de notre occupation de technicien médical et des adjoints médicaux. C’est une étude que on va voir à ce que on va faire des changements à grande échelle de l’occupation. Puis cette occupation-là dans le fond, il y a beaucoup de choses à couvrir, on a un champ de pratique qui est très large si on veut, qui est très vaste. Puis il y a beaucoup de tâches et d'emplois qu’on remplit en tant que technicien médical dans les Forces. Il y a beaucoup de travail. Les choses en premier c’est vraiment rencontrer tout le monde. Ça fait qu’il y avait un genre de tournée paroissiale si on veut. On est allé rencontrer tout le monde, parler avec les gens. Définir le problème. Qu’est-ce qu’est le problème avec l’occupation ou qu’est-ce que c’est un peu les défis, de nos jours, avec l’occupation, que les gens voient. Puis après ça bien on s’est affairé à la tâche, en ce moment on est en train de lister toutes les tâches, des habiletés puis les connaissances que les gens devraient avoir dans tous les emplois, à tous les niveaux, à tous les rangs. Donc ce n’est pas une petite tâche si on veut, puis c’est beaucoup de travail. Mais après ça ça nous amène à vraiment établir ce que le technicien médical du futur va ressembler. D’aligner vraiment l’occupation comment on va être employé dans le futur pour les soins qu’il donne au niveau des standards canadiens puis même au-dessus. C’est juste que à la fin de la journée c’est que des gens on est là, on est prêt à aider les Canadiens puis on sait ce qu’on fait. On a tous les outils, les connaissances qu’on a besoin. Il y a beaucoup de changement, mais il y a beaucoup de raffinement. Des très bons aspects pour notre métier. Mais c’est juste d’optimiser les choses. Et puis c’est ça qu’on va voir dans les prochains mois, dans la prochaine année où ce que les choses vont se dessiner, vont se définir je devrais dire, sur ce qu’un technicien médical va ressembler.

Capitaine Adam Orton : Puis, une dernière question. Pourquoi est-ce que vous êtes devenu un technicien médical?

Adjudant-maître Jean-Sébastien Morin : Bien ce qui a un peu débuté l’engouement ou le désir de devenir un technicien médical, c’est j’étais artilleur de campagne à l’époque, puis j’allais à l’école, j’allais au Cégep, puis je voulais changer le monde. J’ai étudié en anthropologie, en sociologie, puis j’avais différents cours comme ça puis j’avais l’impression que j’allais faire une différence, ou j’avais ce concept-là un peu naïf que les choses allaient changer à grande échelle. Mais, évidemment, ce qui m’a ramené sur terre, c’est que le jour, à un moment donné j’étais chez moi puis dans mon petit appartement puis mon ami est venu cogner à la porte puis il m’a dit : « Hé Jean-Seb, t’as 15 minutes pour décider si tu veux aller en Bosnie. » J’ai dit : « Parfait, let’s go! » puis était donné que j’ai toujours accepté un peu les défis c’est un peu une personnalité. Je suis allé en Bosnie puis c’est là que vraiment que avec le contact avec les gens et locaux, puis aussi juste l’exposition voir les techniciens médicaux qui étaient là puis l’équipe médicale, ça m’a vraiment donné un aperçu de qu’est-ce que je voulais faire plus tard, puis surtout changer le monde, mais une personne à la fois. Puis il n’y avait pas vraiment d’autres manières que, à partir de ce moment-là, que je pouvais voir ma contribution être autre que de devenir technicien médical. Puis c’est durant mon déploiement que j’ai remis mes papiers pour faire un changement d’occupation, puis que c’est là que les choses se sont vraiment cernées. Après ça j’ai jamais regardé en arrière. C’est une carrière que j’ai pas regrettée du tout.

[Musique commence]

Capitaine Adam Orton : Bien merci d’avoir pris le temps de venir nous parler, puis d’avoir participé au Balado.

Adjudant-maître Jean-Sébastien Morin : Oui! Merci! Ça fait plaisir!

Capitaine Adam Orton : Ça c’était l’adjudant-maître Jean-Sébastien Morin du Groupe de service de santé des Forces canadiennes à Ottawa. Si vous voulez écouter une autre épisode qui contient quelqu’un avec de l’expérience dans le domaine médical, écoutez la saison 3 épisode 2 avec Jay et Cath. Il y a de la bonne information là-dedans aussi.

Comme d’habitude, moi je suis capitaine Adam Orton pour Le balado de l’Armée canadienne. Prenez soin de vous!

[Musique termine]

© Sa Majesté le Roi du chef du Canada, représenté par le ministre de la Défense nationale, 2024