Renseignement (S4 É2)

Renseignement (S4 É2)

Il est essentiel de comprendre la menace et l’espace de bataille pour pouvoir appuyer le commandant et, ultimement, le combattant.

[Musique commence]

Lieutenant-colonel Montgomery Price : Est-ce que l'individu ne nous a pas attaqué pour des facteurs complètement hors de notre contrôle ou à cause de nos mesures de sécurité et de défenses qui étaient augmentées? C'est toujours la question de l’art du renseignement.

[Musique continue]

Capitaine Adam Orton : Salut! Ici capitaine Adam Orton avec Le balado de l’Armée canadienne. La planification pour les opérations militaires est un processus incroyablement compliqué, et ça ne se fait pas sans bonnes informations. C’est là que les renseignements viennent en jeu. Mon invité, c’est le lieutenant-colonel Montgomery Price qui est le directeur des renseignements pour l’Armée canadienne. Bienvenue au balado!

LCol Price : Merci beaucoup!

[Musique termine]

Capt Orton : Tu sais, quand j’étais bien jeune, je pensais aux renseignements, je pensais à la guerre froide, puis des guerres d’espions, peut-être James Bond, ou quelqu’un qui saute en bas d’un avion. Mais, maintenant que je suis plus familier avec le processus, c’est peut-être pas tout le temps de même. Comment est-ce que ça marche la collection de renseignements?

LCol Price : Bon le but du renseignement, effectivement, c’est d’essayer de décrire le champ de bataille et l’ennemi et/ou la menace à laquelle nous allons faire face. Donc, on va essayer le mieux possible de donner au commandant et son état-major une image de qu’est-ce qui est est en avant de nous et on va utiliser plusieurs et différents outils pour essayer de faire de la cueillette de ces données-là puisqu’on peut faire une analyse profonde et disséminer ces connaissances-là.

Capt Orton : Et quel rôle est-ce que ça joue dans le processus de planification? Comme dans votre avis, est-ce que cette information-là c’est qu’est-ce qui pousse les opérations?

LCol Price : Absolument! Le cycle du renseignement commence avec la direction du commandant. En premier lieu, le commandant va rentrer. Il ou elle va dire: « Ok, on va faire telle chose. C'est notre objectif. C'est notre zone de bataille. C’est aux renseignements de commencer à décrire le champ de bataille, donc on va garder surtout les éléments de la météo, du terrain et bien entendu l’ennemi. Donc, on a des spécialistes météorologiques qui vont faire une analyse de la météo. Bien entendu, tout le monde sait la différence entre faire des opérations en juillet versus au mois de janvier. Ça change bien des choses. Deuxième chose, on va regarder le terrain, et on va essayer de décrire le terrain. Y a-t-il des places où on peut passer, où on ne peut pas passer? Y a-t-il des ponts? Est-ce que les ponts vont être capable de soutenir le poids nécessaire des blindés, des chars d’assaut, des VBL. Donc, on va tout décrire le champ de bataille pour savoir qu’est-ce qu’il y a sur le terrain. Troisièmement, on va essayer de définir et décrire l’ennemi ou la menace à laquelle on fait face.

Puis, si on parle d’un contexte des opérations domestiques, la menace même peut être quelque chose d'aussi banal que la météo. Donc si on regarde avec l’ouragan qui vient d’avoir lieu en Nouvelle-Écosse, c’est la météo même qui était la menace ou la crise de verglas au Québec et en Ontario en 1998. Ça a été la météo. Si on vise vraiment un ennemi, une menace, bien là on va commencer à essayer de décrire l’ennemi et on d’évaluer cette menace-là en termes de trois facteurs principaux. Premièrement, est-ce que l’ennemi a la capacité de nous faire mal? Est-ce que l'ennemi a les troupes, les équipements a une puissance de frappe, a une capacité de mouvement, un système logistique? Il y a une énorme différence entre un ennemi qui ont des chars d’assaut versus des pickups. Également, on va voir si l’ennemi a une précédence historique de faire des assauts. Est-ce qu’ils ont déjà lancé des attentats? Y’avait-il des mouvements de requis pour définir nos positions défensives? Y a-t-il un historique de mouvement agressif de démonstration de force. Et le troisième volet, c’est surtout de connaître l’intention de l’ennemi. Il y a une énorme différence en termes de menace versus l’ennemi qui dit : « Bien, on va vous défoncer », versus « bien on est pas certain, on aimerait mieux garder une position défensive. On est là juste pour soutenir. » Si le langage est très agressif. Donc, ça c’est plus ou moins ça la manière qu’on va évaluer une menace.

Capt Orton : Et comment est-ce qu’on fait la collecte de renseignements pour faire ces évaluations-là?

LCol Price : Donc, comme je l’ai dit, la première chose ça commence avec la direction du commandant. Il va dire : « G2, commencez à faire la collecte, puis voilà le terrain sur lequel nous allons opérer. » Après ça, je m’assois puis je regarde et je crée les Besoins Prioritaires en Renseignements, les BPR. Puis ce document-là décrit en grandes lignes les questions auxquelles je dois et mon staff doivent répondre. Une fois que ces choses-là sont définies et approuvées par le commandant, on va s'asseoir avec les éléments de reconnaissance, les éléments des opérations pour définir le comment qu’on va faire la cueillette contre ces questions-là. Ça peut inclure admettons donner une tâche aux escadrons blindés pour faire une couverture de reconnaissance vers l’avant. Un autre exemple, ça serait de demander à l’artillerie de faire voler un drone au-dessus d’un objectif, puis on va faire la cueillette des images de qu’est-ce qu’on voit. Puis toutes ces données-là vont revenir aux cellules de renseignements et on va avoir des spécialistes qui vont passer à travers ces données-là pour avoir une connaissance des données et pour générer des renseignements aux alentours, qui va nous donner de la valeur ajoutée sur ces données-là.

Capt Orton : C’est sûr que dans certains contextes, par exemple avec un drône, une image qui est capturée, c’est plus ou moins facile à interpréter peut-être l’image est pas claire, mais qu’est-ce qui est là est très factuel. Mais comment est-ce que vous gérez peut-être des sources un petit peu moins fiables. Tu sais je pense que c’est bien reconnu que des humains, c’est pas tout le temps fiable avec leur information. Comment est-ce que vous faites pour faire une détermination que l’information est valide ou pas?

LCol Price : Ça effectivement, ça commence à rentrer dans l’art du renseignement et non strictement la science du renseignement. La première chose qu’on regarde, c’est est-ce que les données sont vraies. Première chose, faut connaître la source des données. La deuxième chose, on va voir si l’individu qui nous présente ces données-là ont un agenda qu’il veut nous pousser. Est-ce qu’il y a un biais de la manière dont les données sont présentées. C’est quoi la différence entre un fait et l’opinion. Donc, c’est un processus systématique pour mieux connaître les données qui sont là, puis c’est pas évident. J’avoue que c’est pas évident, mais on fait de notre mieux pour différer entre faits, opinions et un vrai info versus quelqu’un qui veut nous donner soit de la propagande ou de la désinformation pour essayer de nous virer dans une mauvaise direction.

Capt Orton : Donc là vous avez le défi de faire une évaluation basée sur qu’est-ce que vous pensez que c’est la bonne information?

LCol Price : Il y a toujours un élément de doute dans plus ou moins tout ce qu’on fait. Alors, quand, nous, du côté renseignement on va prendre toutes les données qu’on physiquement en mains, on va faire une évaluation pour déterminer la validité des ces données-là et on va toujours utiliser un langage de probabilité parce que comme j’ai dit, il y a toujours un doute. Est-ce que un événement va absolument se passer, bien on ne peut pas voir exactement dans le futur. On essaie de plus en plus de nos meilleures façons avec les données qu’on a de prévenir le futur, mais il y a toujours un élément de doute. C’est pour ça qu’on va utiliser les termes comme une grande probabilité que telle chose va arriver. Il y a une possibilité, un potentiel. Mais ça serait très rare qu’on va utiliser un absolu, une certitude de 100% que telle chose va arriver.

La chose qui est difficile pour nous, c’est on ne sait jamais, admettons s’il y a un événement, un assaut, une attaque va actuellement se développer d’une façon qu’on prévoit, il y a toujours un élément soucis là-dedans que pour une raison ou une telle, l’individu a décidé de ne pas nous attaquer ce jour-là. Alors, on se pose la question : est-ce que l’individu nous a pas attaqué pour des facteurs complètement hors de notre contrôle, son véhicule a pas marché, il a rencontré des amis cette-journée-là, il voulait pas le faire, il a changé d’avis, ou est-ce que les individus nous ont pas attaqué à cause de nos mesures de sécurité, de défense qui étaient augmentées. J’aimerais croire que c’est toujours l’individu qui se méfie de nous puis nos mesures défensives sont là, sont bien supportées dans tout ce qu’on fait, mais encore là, ça c’est toujours la question de l’art du renseignement.

Puis je vais vous donner un exemple. Pour ceux et celles qui ont servi en Afghanistan, on entend toujours la blague du: « Ah, c’est un Toyota blanc, c’est un Toyota Corolla blanc qui va exploser, un engin suicide. » Oui c’est très difficile parce qu'en Afghanistan, on avait des mesures historiques parce qu’on a vu qu’il y avait des Corolla blancs partout. Il y avait probablement des bons indicateurs qui nous donnaient l’idée qu'un individu va faire telle chose, à telle date. Tous les facteurs de menaces ont été présents. Alors c’est toujours le défi du côté renseignement. Est-ce qu’on rapporte le fait qu'on a cette menace-là, puis rien n’arrive, puis ça nuit à notre crédibilité? Mais qu’est-ce qui se passe le seul jour où on ne le rapporte pas puis l’évènement arrive?

Pour vous dire franchement, l’équipe du renseignement, on va se sentir très coupable. Donc faut pas être alarmiste. On essaie de mieux protéger nos forces parce que comme j’ai dit à plusieurs reprises, notre raison d’être c’est pour supporter les soldats sur le terrain. C’est pour améliorer notre efficacité sur le champ de bataille, augmenter la survie de nos troupes, puis accomplir la mission du commandant. Donc c’est pour ça que on utilise des termes comme: « C’est possible que…, il y a une forte probabilité…, on estime…’ » Parce que réellement, ça devient une évaluation, une estimation de qu’est-ce qui va se passer dans le futur, puis il n’y a personne qui peut prévenir à 100% l’avenir qui s’en vient.

Capt Orton : Puis, comment est-ce que la technologie récente, tu sais les médias sociaux puis tout ça, comment est-ce que ça ça a influencé le monde du renseignement récemment?

LCol Price : Énormément. Si on utilise l’exemple de Google Earth, il y a 20 ans, on n’avait pas cette capacité-là. Aujourd’hui, quasiment, peu importe sur la planète, on est capable d’avoir comme exemple un resto dans Google Maps. Bien on tape le nom du restaurant. Google Maps arrive avec l’image du restaurant sur une carte avec des images satellites, plus des images qui ont été prises sur le terrain, on peut faire une image de 360 degrés aux alentours de l’image. Il y a des revues Yelp qui sont embarquées là-dessus. On peut même avoir le lat. et long. Inclus, une grille MGRS à 12 chiffres pour la place. Ça, c’est un exemple. Le volume de données puis la capacité de qu’est-ce qui est présent.
L’autre volet, ça serait avec l’intelligence artificielle et l’apprentissage par machine. Ça effectivement dans le passé, si admettons on avait un set de données avec des millions et des millions de points d’infos, bien ça prenait quelqu’un à coup d’oeil de passer ligne par ligne. Où est-ce qu'aujourd'hui, on peut utiliser des ordinateurs avec de l’apprentissage artificiel pour passer à travers ces points de données. Donc on peut prendre des milliers ou des millions de points de données et passer au travers d’une façon dans une couple de secondes. Ça fait que c’est tellement rapide. Donc je pense franchement que ces deux aspects-là vont avoir un énorme impact sur le renseignement dans le futur.

Capt Orton : Et comme, c’est quoi la dynamique en dedans d’une cellule de renseignements. Certainement qu’il y a plusieurs rôles. Il y a des officiers. On a des sous-officiers. Comment est-ce que ça interagit tout ensemble.

LCol Price : Le rôle de l’officier, c’est pas nécessairement d’être l’analyste sénior. Oui il va faire de l’analyse, puis ils vont comprendre ce qui se passe sur le terrain, puis donner un contexte au commandant, puis être l’aviseur au commandant. Mais le rôle de l’officier, c’est vraiment de mener, gérer, être le leader de l’effort du renseignement et pour répondre aux besoins du commandant. Quand ça vient à la troupe, on commence au niveau de soldat, caporal, caporal-chef. Bien là, on commence vraiment à être des spécialistes de renseignements qui vont prendre ces données-là. Ils vont mettre ces données-là dans une base de données pour que les données soient retrouvables, recherchables. Et les analystes au niveau de caporal-chef, sergent, adjudant, c’est eux qui vont vraiment faire l’analyse profonde de ces données-là pour avoir une valeur ajoutée pour créer des renseignements pour qu’on puisse le donner au commandant et aux individus qui ont besoin de ces renseignements-là.

Capt Orton : Puis, qu’est-ce que vous diriez quelle serait la partie la plus intéressante de votre rôle?

LCol Price : Premièrement le fait que le monde avec lequel je travaille sont formidable. J’ai vraiment des jeunes soldats, des officiers très motivés, très bien éduqués, dédiés à la tâche. Leur raison d’être c’est de supporter le commandant et les troupes qui sont en opération. La deuxième chose, ça serait vraiment la connaissance internationale. On vise des problèmes de niveau stratégique à grande échelle, puis réellement faut dire que si vous allez aux films, il y a des compagnies qui font des films et des vidéos sur le renseignement. C’est Tom Clancy, veut veut pas il y a un élément de on s’entend que c’est peut-être élargit, mais il y a des cinémas qui jouent là-dedans. Et c’est un domaine très très très intéressant, puis vous voyez que on fait partie d’une plus grande structure, puis on est vraiment branché, même au niveau de l’Armée, on est branché de niveau global.

Capt Orton : Et comment est-ce que les partenaires internationaux figurent dans ça. C’est sûr qu’on vit dans un monde qui est interconnecté globalement, les Forces canadiennes opèrent partout dans le monde. Comment est-ce qu'on coordonne avec nos alliés?

LCol Price : Nos alliances sont tellement importantes. On fait partie des Five Eyes, c’est une organisation ou on partage des renseignements entre le Canada, l’Australie, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Nouvelle-Zélande. Également, on fait partie de l’OTAN donc on partage de l’info et des renseignements avec tous ces pays-là à différents niveaux bien entendu, selon les ententes qui sont mises en place. Mais on ne serait pas capable de fonctionner sans avoir ces alliés-là pour avoir une connaissance opérationnelle et situationnelle que ces éléments nous fournissent.

Capt Orton : C’est quoi les défis de travailler dans le domaine du renseignement?

LCol Price : Franchement, les défis sont énormes. L’un des plus grands défis qu’on a présentement, c’est de protéger nos sources et nos capacités de faire de la cueillette des données. Donc le Canada fait partie des alliances. Des fois, eux, ils nous donnent des infos, des données pour plus que nous on peut l’utiliser.

Bien c’est comme si quelqu’un vous donne un char. Si mon copain me donne son auto, bien c’est à moi d’utiliser l’auto, mais il faut que je la protège. Donc je ne peux pas la donner à n’importe qui. Donc, du côté renseignement, on aimerait protéger les sources.

D'où ça viendrait problématique, ou très spécifique, c’est surtout dans plusieurs domaines où est-ce que nos sources ou nos capacités de collecte peuvent être mises en danger. Puis ça c’est une des raisons pour lesquelles on décide de classifier les choses. Mais faut comprendre qu'une classification, c’est pour protéger les données puis s’assurer qu’il y a pas un dégât de données où est-ce que n’importe qui peuvent les comprendre.

Mais je me souviens toujours des films où on voit la situation où est-ce que: « Oui, j’aimerais voir telle donnée. Non! Vous êtes pas clairés, je ne peux pas vous donner ça. » Puis, c’est pas comme ça dans la vraie vie. Nous, notre rôle du côté renseignement, c’est d’essayer au plus fort de vous passer les données. Donc on va trouver une façon. Comme j’ai dit, notre rôle, c’est de supporter les individus qui sont sur le champ de bataille. Donc, c’est de notre intérêt de trouver une façon de vous passer l’info. Donc c’est essentiel que vous communiquiez avec le monde du renseignement, vous jaser puis si on a de quoi, on va faire de notre mieux pour vous passer les données dont vous avez besoin au moment précis dont vous avez besoin.

Capt Orton : Pour quelqu’un qui s’intéresse peut-être à rentrer dans le domaine du renseignement, soit déjà dans l’Armée ou peut-être quelqu’un qui pense à se joindre. Qu’est-ce que vous leur diriez?

LCol Price : Selon mes expériences, en discutant avec les recruteurs au centre de recrutement, nous disent que le métier le plus demandé, c’est pilote parce que tout le monde veut être Tom Cruise dans Top Gun, puis je comprends pourquoi. Mais le deuxième métier demandé, c'est le renseignement.

Si vous êtes déjà dans les Forces, la meilleure chose ça serait de parler avec du monde du renseignement, puis leur poser des questions pour connaître un petit peu plus le métier puis toute la panoplie de métiers qui sont en-dessous du parapluie du renseignement. Parce qu'on ne parle pas juste du monde du renseignement. Il y a aussi différents métiers comme analyste d’imageries qui leur seule métier c’est de faire des évaluations, des estimés sur des images numériques.

La deuxième chose, ça serait d’être spécialiste dans le monde du renseignement des signaux. Il y a aussi des météorologistes. On a du monde dans les ingénieurs des géotechs qui font les cartes qui comprennent le terrain, font des analyses des voies d’approche. Donc on a plusieurs options à l’intérieur du parapluie du renseignement, mais elles sont toutes intéressantes, puis elles amènent toutes quelque chose de très important au champ de bataille.

Capt Orton : C’est vraiment, chaque soldat joue un certain rôle dans ce contexte-là.

LCol Price : Absolument. On dit tout le temps que chaque soldat est un capteur. Puis je dirais que chaque fois qu’il y a une patrouille qui s’en va, on vous demande de remplir vos rapports de patrouilles. C’est plate à dire, c’est long. Vous êtes fatigués après vos patrouilles. J’avoue que ce n'est pas la chose la plus importante, mais faut comprendre que si vous êtes en patrouille et que vous êtes envoyés à une telle place, c’est parce qu’on avait un objectif. Donc, faut aller, confirmer ou infirmer nos soucis. Vous allez revenir de cette patrouille-là, puis faut absolument que ces données-là soient rentrées dans la machine, dans le processus de renseignement parce que chaque soldat, c’est un capteur. C’est essentiel que tout le monde soit dans le même bateau pour garantir le succès de la mission.

Capt Orton : Puis ces efforts-là sont réinvestis parce que…

LCol Price : Ah oui, absolument.

Capt Orton : Cette information-là qui est collectée est mise dans la machine, puis ça vous revient dans le fond.

LCol Price : On ne prend jamais une source singulière, simple. On prend toujours de multiples sources et des fois, ok un rapport de patrouille, on ne pense pas que ça va donner une valeur ajoutée. Mais, un rapport de patrouille, qui est comblé avec trois ou quatre différentes sources, bien là on commence à avoir une vraie connaissance de qu’est-ce qui se passe sur le terrain, sur le champ de bataille. Des fois je suis d’accord qu'un pauvre caporal dans une section d’infanterie qui a marché pendant 20 kilomètres, il est fatigué, il est brûlé, mais c’est essentiel que vous faites ces rapports-là pour les rentrer dans la machine du renseignement.

Puis je vais vous donner un exemple : Ça date un peu, mais quand on était en Afghanistan, je me souviens, j’étais en discussions avec le monde qui était sur des patrouilles dans des villages, puis le monde me racontait : « Tu sais là, dans le temps, ça a changé. La semaine passée, tous les enfants étaient dans les rues. Aucun problème. Le monde nous serrait la main, nous jasaient, c’était bon, mais tu sais cette fois-ci, on a passé puis il n’y avait pas autant d’enfants, puis le monde nous regardait d’une façon un peu étrange. Puis la dernière fois qu’on est passé, aucun enfant dans le village. Le monde ne voulait pas nous parler pas pantoute. » Donc il y avait un vrai changement de sentiment. Mais ce genre d’information-là un peu intangible, c’est essentiel. Puis on a utilisé ça comme un indicateur : « Ah! Il y a quelque chose qui a changé dans le village. » On a commencé à faire des investigations sur le village, puis on a appris qu'il y avait des éléments qui menaçaient le village. Donc ça c’est un exemple parfait que ce genre de donnée-là ça pas sortit à l’intérieur d’un rapport de patrouille. Ça aurait dû être mis dans rapport et c’est pour ça que c’est essentiel que chaque soldat, c’est un capteur. Donc le plus de données qu’on peut rentrer dans nos bases de données, qu’on peut évaluer qu’on peut avoir le sentiment de ce qui se passe sur le terrain, ça va améliorer notre connaissance situationnelle, puis ça va vous aider également.

Capt Orton : Puis pour ceux qui écoutent, peut-être qu’ils sont intéressés à tout ce domaine-là, peut-être une astuce vous pouvez leur donner qui s’attache au domaine de renseignement, qui peuvent appliquer dans leur vie de tous les jours.

LCol Price : Je vais vous donner un exemple : Un seul morceau d’information tout seul, ça peut être efficace, mais quand on commence à mettre plusieurs éléments ensemble, là ça devient plus intéressant du côté renseignement. Si on regarde ça dans notre vie personnelle, partout sur Facebook, il y a des messages qui disent : « Ah, donne-moi le nom de ton premier chat, ton premier chien. C’était quoi le nom de votre épouse? » Puis c’est masqué comme dans un petit jeu sur Facebook où on partage ces données-là. Mais ces questions qu’ils vous posent, c’est tous les genres de questions qu’une banque ou une carte de crédit vont vous demander comme mesure de sécurité pour vos cartes. Alors je vous donne un conseil premièrement d'être très conscient de ce que vous mettez sur le Web, sur Facebook. Soyez conscients parce que, comme j’ai dit, un petit morceau de données tout seul, c’est pas la fin du monde, mais on commence à mettre de plus en plus de paliers de morceaux d’infos ensemble, là ça change beaucoup la dynamique.

Capt Orton : Oui, c’est vrai, puis on voit ça partout puis faut tout le temps être connaissant que il y a des choses qui se passent sur l’Internet que ce n'est pas tout le temps des bonnes choses.

LCol Price : Absolument.

[Musique commence]

Capt Orton : Ok, bien merci beaucoup d’être venu sur le balado. C’est bien apprécié monsieur.

LCol Price : Merci beaucoup!

Capt Orton : Ça c’était le lieutenant-colonel Montgomery Price qui est le directeur des renseignements pour l’Armée canadienne. Si vous cherchez une carrière en renseignement ou dans n’importe quel autre métier dans les Forces armées canadiennes, vous pouvez visiter Force.ca. Il y a beaucoup de métiers intéressants, plein de choses à faire. Joignez-nous!

Moi je suis capitaine Adam Orton pour Le balado de l’Armée canadienne. Prenez soin de vous!

[Musique termine]

© Sa Majesté le Roi du chef du Canada, représenté par le ministre de la Défense nationale, 2024