«  Le nouveau anormal » avec le commandant de l'Armée canadienne  (S1 É2)

« Le nouveau anormal » avec le commandant de l'Armée canadienne (S1 É2)

Le lieutenant-général Wayne Eyre, commandant de l’Armée canadienne, parle de la position de l’Armée canadienne face à la situation d’urgence qu’engendre la pandémie de COVID-19 et du lancement de la baladodiffusion de l’Armée canadienne.

[Musique commence]

Lieutenant Adam Orton : Bonjour et bienvenue au Balado de l’Armée canadienne. Je suis lieutenant Adam Orton, et aujourd’hui je suis avec le lieutenant-général Wayne Eyre commandant de l’Armée canadienne. Et on va parler de la réponse de l’Armée canadienne face à l’urgence de la COVID-19. Bonjour monsieur.

Lieutenant-général Wayne Eyre : Bonjour Adam.

Lieutenant Adam Orton : Donc, pour commencer, dans le nouveau monde de la COVID-19, on voit que l’Armée s’implique dans des nouvelles initiatives de communications. Puis entre autres, on parle de ce balado en ce moment. Pourquoi est-ce que l’armée a décidé de faire un balado, et pourquoi maintenant?

Lieutenant-général Wayne Eyre : C’est une question excellente. La situation de COVID-19 nous donne une occasion d’expérimenter avec différentes formes de communications. Pour moi, j’aime beaucoup les balados et je suis abonné à un grand nombre. C’est un bon moyen d'absorber de l'informations pendant d’autres activités. Comme pendant que vous allez courir, pendant que vous êtes aux volants pour aller travailler. Ici au QG de l’Armée, nous utilisons différents moyens de transmettre l’information, et les balados sont un autre outil dans notre coffre d’outils de communications. J’ai dit à notre équipe de baladodiffusion de veiller à ce que ce balado attire le plus vaste public possible au sein de notre armée. Ça inclut les membres des forces régulières, des réservistes, les officiers, les sous-officiers, et les militaires du rang, les anglophones, les francophones, les membres de la grande famille de l’Armée canadienne, ainsi que les conjoints et conjointes, les enfants, les militaires à la retraite, etc. Ça peut sembler être un vaste public à joindre, mais la beauté du balado, c’est qu’on n’essaye pas de toucher tout le monde à chaque épisode. Les épisodes peuvent être adaptés à des groupes précis. Quant aux pourquoi, et bien c’est parce qu’en période difficile, comme durant la crise de le COVID-19, les communications efficaces sont importantes. Ce balado est un autre moyen qui nous permet de transmettre des messages à nos soldats.

Lieutenant Adam Orton : Et on voit aussi comme dans cet environnement que la chaîne de commandement a commencé à utiliser d’autres outils pour communiquer avec les soldats directement, même au niveau de CEMD ou de l’Armée. Mais, en même temps, on voit la critique comme quoi que on enlève la chaîne de commandement dans le processus de communications. Puis que ça, ça peut potentiellement créer des problèmes. Qu'est-ce que vous pensez de ce problème potentiel?

Lieutenant-général Wayne Eyre : Oui, j’ai une opinion de ce sujet. Les deux côtés ont raison. D’après moi, un balado et d’autres formes de communications ne sont pas un substitut pour les communications par la chaîne de commandement. En temps de crise, nous avons besoin de communiquer davantage. Ont dit que les gens ont besoin d’entendre un message des nombreuses reprises pour qu’il soit intériorisé. Nos balados, nos vidéos, et d'autres types de messages en ligne visent à compléter et expliquer notre intention globale. Il n’y a rien de mal là-dedans. Les chefs de tous les échelons ne devraient pas se sentir menacé par les balados. Je dis ça parce qu’il y a une différence entre intentions et des ordres et directives particulières. Lorsque je prends la parole à une tribune comme celle-ci, je fais connaître mon intention en tant que commandant de l’Armée canadienne à l’intention de l’ensemble de l’Armée à l’échelle du pays. Je me fie à mes commandants de divisions pour ensuite mettre mon intention en application d’une façon qui est la plus efficace pour la propre division et leur région. Ces processus se répètent le long de la chaîne de commandement. De plus, toutes les directives et orientations officielles de l’Armée canadienne continueront de provenir de la chaîne de commandement régulière. Et en cas de doute, ou de confusion, comme le savent les soldats, écouter la chaîne de commandement. Les médias sociaux, les balados, etc. servent des compléments à la chaîne de commandement, et non à lui faire concurrence. Je crois que c’est une chose positive que les armées professionnelles fassent largement connaître leurs intentions.

Lieutenant Adam Orton : Vous soulevez un excellent point parce que, souvent, quand on a un ordre d’opération à la main de 18 pages, on oublie des fois l’intention du commandant dans ce processus-là. Et, comme vous mentionnez, c’est bien d’avoir d’autres mécanismes de communications pour communiquer cette intention là. En parlant de poursuite des activités et les changements qu’on a vécus dans le monde de COVID-19, en ce moment, l’Armée a fait beaucoup de changements de la manière qu’on fonctionne. Les services non essentiels ont été plus ou moins fermés. La majorité des bases, les gens ne travaillent plus dans leur bureau. La même chose avec les QG. On commence avec le télétravail, et de plus la période des affectations actives a été prolongée. On regarde maintenant à des affectations qui vont prendre place jusqu’en Octobre. Comment est-ce que vous vous sentez par rapport à la réaction de l’Armée face à cette crise? Est-ce que vous êtes satisfait avec qu’est-ce qu’on a fait jusqu’à date?

Lieutenant-général Wayne Eyre : Il faut dire que je suis très satisfait. Très satisfait de la façon dont nos troupes puis les opérations dirigées par les COIC. Pour l'instant, l'Opération LASER n'a pas mobilisé l’important contingent de militaires que nous étions prêtes à fournir. Et, c’est grâce aux efforts des partenaires fédéraux et provinciaux et des premiers répondants qui ont fait un excellent travail d'interventions pendant cette crise. Heureusement, jusqu’à maintenant la météo était favorable, et nous n’avons pas eu à intervenir à la suite d’une importante inondation. Ceci étant dit, nos militaires sont prêts à disposer, à aider si l'on fait appel à eux. Je sais que certains militaires sont surpris par certaines des tâches qui leur ont était confiées. En tant que commandant de l’Armée, je peux vous affirmer qu’il s’agit de la vraie nature du service. C’est faire passer quelque chose avant vous, et devant vos propres préférences. Au nom du non militaire, en cet état d’esprit, cet esprit de communauté et de service, et je suis fier de. Vous avez tout à fait raison. Je l'ai déjà dit, et je vais le répéter. Cette pandémie a une énorme répercussion sur notre pays, les Forces armées canadiennes et l’Armée. Dans l'Armée, nous avons dû prendre des mesures extraordinaires pour protéger les Forces et le public canadien en général. Nous avons cessé les instructions, envoyé des gens chez eux. Nous avons respecté les conseils et les directives des professionnels de la santé, et tout cela a porté ses fruits. Jusqu’à présent, le taux d'infections de l'Armée canadienne est inférieur à celui de la population générale et je suis fier de nos militaires pour la discipline et la vigilance dont ils font preuve en respectant ces consignes.

Pour les mutations, nous avons passé le plan d'effection au peigne fin plusieurs fois et nous avons maintenant une idée claire des militaires qui obtiendrons ou non une affectation au cours de cette PAA. Des directives sur les VRL et les déménagements seront diffusés sous peu. Nous vivons actuellement une situation sans précédent du moins pour nous qui sommes en service actif et il reste encore bien des éléments inconnus. Les choses vont changer et nous devrons être patient mais nous allons nous en sortir.

Lieutenant Adam Orton : Et vous mentionnez qu’il y a des choses à venir. En ce moment, on est en mode urgence. Mais éventuellement on va voir une reprise des activités, peut-être que les choses vont changer. Qu'est-ce que ça va avoir de l'air la reprise des activités en ce qui en est pour l'Armée?

Lieutenant-général Wayne Eyre : C’est une question très pertinente. Premièrement, je tiens à souligner que bien que nous effectuions beaucoup de planifications dans ces dossiers, il reste du travail à faire. Certaines choses que je vous ai dites pourraient changer. Certaines pourraient rester tel quelle. D'autres pourraient changer un peu tandis que d'autres pourraient changer considérablement. D’abord, et avant tout, je dois insister sur le fait que le principal résultat de l'Armée canadienne pour le gouvernement du Canada et nos compatriotes canadiens est le temps de préparation ou les disponibilités opérationnelles. Nous devons être prêts à toute éventualité. Prêts à continuer à combattre un adversaire à court préavis, prêts à combattre un feu de forêt ou une inondation ou une pandémie dans notre pays. Posez-vous la question suivante, comment atteignons nous l’état de préparation. Et bien, grâce à des nombreuses sources, comme les doctrines et l'équipement. Mais j'aimerais attirer votre attention sur l’instruction. Car c'est ce qui a été le plus touché par la pandémie. Nous sommes un service essentiel. Les canadiens ont besoin de nous et ils ont besoin que nous soyons toujours prêts.

Cela me fait penser à une équipe de la LNH qui tente de faire les séries éliminatoires. Les militaires sont comme des athlètes professionnels qui tentent de faire les séries. Imaginez votre équipe préférée de la LNH qui prend une pause durant la saison de hockey pour faire quelque chose de complètement différent, remplir des sacs à sable, par exemple. Après quelques mois, les jours sont rouler sur la glace et ils ne sont pas synchronisés et ils ont oublié toutes les stratégies de jeu. Dans ces circonstances, vous ne pouvez pas vous attendre à les voir revenir sur la patinoire et recommencer immédiatement à jouer au niveau correspondant à celui d’une équipe de la LNH. Ils ont besoin de temps pour s'entraîner individuellement et de retrouver leur coup de patin et leur habileté au maniement du bâton et de la rondelle. Ensuite, ils ont besoin de temps pour s'entraîner ensemble en tant qu’équipe pour retrouver le synchronisme et développer leur habilité collective. Imaginez également que le monde du personnel d'entraîneur et de soignants ont eux aussi passé ce temps à faire autre chose. N'oubliez pas non plus que les activités des clubs école avaient elles aussi était suspendues et qu’il n'existait pas d'autres équipes dans l’organisation où aller puiser des joueurs pour remplacer ceux qui sont blessés ou qui ont pris leur retraite. Voilà la situation à laquelle nous faisons face. Nous devons remettre en marche notre système d'entraînement parce que, comme je le dis toujours, le monde est un endroit dangereux, instable, et imprévisible. Le Canada a besoin d'une armée formée de militaires bien entraînés. Nous allons agir de manière intelligente dans notre gestion du retour à nos activités de base. Nous allons retourner à l'entraînement de manière réfléchie, progressif et hiérarchiser des fonctions, des circonstances. Nous ne serons pas seuls à entreprendre cette démarche. Il s'agit en effet d’un effort entrepris à l’échelle de MDN et des Forces Armées canadiennes sous la direction du sous-ministre et du sous CEMD.

Lieutenant Adam Orton : Donc, ça c’est un plan qui s'applique où le retour au travail c'est un plan qui va s'appliquer aux Forces en général. Est-ce que vous avez plus de détails de qu'est-ce qui est venu du CEMD ce qu’il en est pour ce plan-là?

Lieutenant-général Wayne Eyre : Oui la phase actuelle est celle de réaction à la pandémie, et il nous est impossible de prédire quand nous passerons à la phase de reprise des activités après la pandémie. Pour la phase de réaction à la pandémie, nous avons prévu quatre étapes qui ne sont pas destinées à être exécutées de manière séquentielle et qui ne s’excluent pas mutuellement. Elles se dérouleront plutôt en parallèle et à des degrés divers selon l’évolution des conditions.

La première étape est l’exécution des plans de poursuite des activités, et elle est en cours maintenant. Pour la deuxième étape, nous reprendrons le travail dans un contexte où la menace de la COVID-19 est présente. L’étape trois, nous avons la reprise de la formation supplémentaire et des activités institutionnelles. Pour l’Armée canadienne ça inclut l'entraînement individuel et collectif pour notre mission outremer. Enfin, l’étape quatre, nous allons mener nos opérations et nos activités dans un contexte où le menace de le COVID-19 est latente. Les moments où nous re-démarrons, l'entraînement sera déterminé en fonction de la pandémie. Elle aussi comme l'ennemi a son mot à dire. Nous avons adapté une approche fondée sur les conditions qui régénèreront. Mais si la tendance actuelle se maintient, nous devrions reprendre l'entraînement vers le milieu ou la fin de juin ou juillet.

Je le répète. Cela dépendra des conditions actuelles et de l’approbation du CEMD. Nos priorités en matière d’instruction au cours de l’été seront les suivantes : QMB, QIL, et quelques autres cours tels que l’instruction relative à la mission pour les opérations nommées. Avec le temps, nous reprendrons graduellement l'instruction collective et l’instruction sur les FAC à l'échelle de l’unité. J'ai été parfaitement clair. Nous devons être en mesure d’intervenir rapidement si un problème lié à la COVID-19 survient. Nous aurons préparé à l'avance les TTP et les IPO permettant de composer avec les situations lorsqu'elles se présenteront. Nous devons être prêts à faire face à la nouvelle anormalité, si je peux utiliser ce terme. Tout au long de ce processus nous allons protéger la Force tout on effectuons des tâches et en menant de l'instruction d'une importance cruciale. Nos experts médicaux et notre médecin chef du commandement de l’Armée canadienne ont joué un rôle essentiel dans les développements de notre plan. À mesure que l’Armée reprendra ses activités, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer la sécurité de nos militaires et du personnel civil. J'espère que j’ai été clair.

Lieutenant Adam Orton : Oui monsieur! Puis vous avez soulevé un excellent point comme quoi qu'on vit dans un monde de la nouvelle anormalité et que vraiment l’Armée on est les experts en réagir dans des situations où ce que le futur est incertain. Donc on se voit encore une fois réagir à la COVID-19, c'est un petit peu notre capacité de s’adapter, ça tombe dans ce domaine-là. Est-ce que vous avez d'autres conseils pour les soldats qui nous écoutent en ce moment?

Lieutenant-général Wayne Eyre : Oui pour conclure, j’ai quelques points que je voudrais ajouter. Faites preuve de résilience, prenez soin de vous et des membres de votre famille, soyez résilient. Prochainement, assurez-vous de maintenir votre système immunitaire fort en faisant de l'entraînement physique en ayant, dans la mesure possible, une alimentation saine, des bonnes habitudes de sommeil et en participant à des activités sociales saines. Finalement, gardez votre sens de l'humour et restez en bonne santé.

Lieutenant Adam Orton : Vous avez entendu du commandant maintenir un bon sens d'humour. Bien merci beaucoup monsieur, j'apprécie vraiment que vous avez pris le temps de nous parler.

Lieutenant-général Wayne Eyre : Merci beaucoup pour l’occasion de partager mes pensées.

[Music commence]

Lieutenant Adam Orton : Merci monsieur. Donc oubliez pas de vous abonner au balado. Vous pouvez voir dans la section du balado pour peser sur le bouton. Aussi on est sur les autres plateformes de médias sociaux Facebook, Instagram, YouTube, Twitter. Si vous avez aimé de quoi qu’on a parlé, ou si vous avez d'autres idées, n'hésitez pas à nous les envoyer. Puis ça va nous faire plaisir de les regarder puis considérer des émissions futures. Donc merci d'être resté à l'écoute et on se voit à la prochaine.

[Music termine]

© Sa Majesté le Roi du chef du Canada, représenté par la ministre de la Défense nationale, 2024