La dernière frontière | Une affectation dans le Nord  (S2 É11)

La dernière frontière | Une affectation dans le Nord (S2 É11)

À quoi ressemble la vie d’un militaire affecté au nord du 60e parallèle? Dans cet épisode, le capitaine Orton vous raconte des histoires de Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, et des terres situées bien au-delà.

[Musique commence]

Adjudant Maxime Richard : On est comme la colle entre la grosse machine verte, puis la grosse machine rouge.

Capitaine Adam Orton : Salut! Ici capitaine Adam Orton avec Le balado de l’Armée canadienne. Donc vous parlez avec votre gérant de carrière puis vous lui disiez que vous êtes posté au nord du 60e parallèle.

[Musique termine]

Bien l’adjudant Maxime Richard, connaît la réponse. Il est l’adjudant d’entraînement pour le premier groupe de patrouilles des Rangers canadiens et il est posté à Yellowknife dans les Territoires-du-nord-ouest.

Bienvenue au balado?

Adjudant Maxime Richard : Hé merci beaucoup! Vraiment content d’être ici, vraiment content d’être capable de représenter le 1er groupe de patrouille des Rangers canadiens. Je trouve que c’est une belle opportunité, c'est une belle visibilité que vous nous offrez puis on est vraiment très, très, très, très, très, très content que vous nous offrez ça.

Capitaine Adam Orton : Bien ça fait plaisir, j’ai hâte d’en parler un peu. Donc c'était quoi votre réaction quand vous avez entendu que vous vous en alliez à Yellowknife?

Adjudant Maxime Richard : Bien moi, j’étais vraiment content de le savoir. C’était quelque chose qu'on avait demandé. On sentait un peu, parce que le tempo opérationnel est en train d’accélérer on pourrait dire un peu partout dans les Forces, puis on sentait que ça s’en venait, ça allait être rendu à notre tour, à moi puis à ma famille de bouger. Puis on s’est tout le temps fait dire qu’il faut s’organiser avant qu’on se fasse organiser. Puis, nous le nord, bien c’était une belle opportunité qu’on avait pour être capable de voyager, faire voyager notre famille, puis d'aller découvrir la dernière frontière. On trouvait que c’était vraiment très intéressant, puis c’était vraiment cool de pouvoir vivre cette expérience-là. Ça fait que quand on a su qu’on y allait, c’était incroyable là. C’était comme gagner à la loterie. [Rires]

Capitaine Adam Orton : C’est pas tout le monde qui a cette réaction-là!

Adjudant Maxime Richard : Bien la majorité du monde vient ici pour se faire évaluer, screener comme on dit en anglais. Puis le monde qui viennent normalement ici, c’est du monde qui sont volontaires. C’est parce que c’est du monde qui veulent venir dans le nord. Ça fait que c’est vraiment super intéressant pour des familles, c’est intéressant aussi pour le monde qui est célibataire.

Hé à Yellowknife-là, on a quand même un Canadian Tire, puis un Walmart là. C’est gros-là. Deux McDonalds, ça fait que c’est une belle ville puis il y a vraiment tout ce qui est nécessaire pour les familles puis pour les gens d’être capable d’avoir un bon rythme de vie là. C’est vraiment une belle place.

Capitaine Adam Orton : Donc parlez-nous un peu de vos expériences avant d’être arrivé à Yellowknife. Parlez-nous de votre carrière.

Adjudant Maxime Richard : Alright, bien moi j’ai 19 ans d’Armée complétée, je suis dans ma 20e année. J’ai signé récemment pour l’IPS qui est la période de service indéterminée, donc j’espère me rendre puis faire une belle longue carrière au sein des Forces. Je suis quelqu’un moi qui ‘trippe’. Je veux être dans l’Armée depuis que j’ai 5 ans. Je mets mes combats le matin puis j’aime ça puis j'en mange. Là aujourd’hui je me suis habillé en combat puis j’étais vraiment content faut le dire qu’on est en situation de pandémie aussi là, c’est plus compliqué, mais je suis quelqu’un qui ‘trippe’ vraiment là-dessus là.

Donc j’ai joint en 2002, puis j’ai joint au sein du royal 22e Régiment qui j’ai une appartenance qui est très très forte. Je suis très très fier d’être un 22 comme on dit. Puis j’ai été déployé en Afghanistan deux fois, en 2017 puis en 2010. J’ai été déployé en Estonie avec notre Régiment sœur le Royal Welsh en Angleterre. De l’Angleterre plutôt puis j’ai été aussi muté à Winnipeg, en tant que instructeur en survie, à l’école de survie et de médecine de l’Air force canadienne pendant trois ans puis la survie c’est quelque chose qui m’a tout le temps passionné, la chasse, le trappage puis ces choses-là, puis c’était tout le temps quelque chose qui m’avait passionné puis après ça, ça m’a amené ici à Yellowknife où j'ai eu la chance d’aller comme instructeur Ranger pendant un an. Après, j’ai été l’adjudant de peloton pour 30 communautés dans le nord.

Capitaine Adam Orton : Trente!

Adjudant Maxime Richard : Puis quand l’autre adjudant n'était pas là, bien on en avait 66 à peu près avec les détachements, puis c’est vraiment une expérience complètement incroyable. Puis là, présentement, je suis à l'entraînement. Donc je m’assure qu’il y ait un certain standard puis je m’assure aussi que les instructeurs et les Rangers ont de l’entraînement sur tout pour être bon puis efficace à être déployé dans le nord.

Capitaine Adam Orton : Comment est-ce que vos expériences dans le nord jusqu'à ce point-ci est-ce que c’est différent de peut-être les autres postings que vous avez eus?

Adjudant Maxime Richard : Aïe Aïe Aïe, c'est une très bonne question. Quand on est déployé en tant qu'instructeur Ranger, on est notre propre boss, où, oui, on doit se rapporter à la chaîne de commandement, notre chaîne de commandement ici. Mais on est là où est-ce que les commandants de patrouilles, les sergents Ranger, puis les Rangers, ils nous regardent, comme je pourrais dire la colle entre la grosse machine verte puis la grosse machine rouge.

Où on s’assure qu’il y ait une bonne liaison entre les deux pour que nos Rangers comprennent bien c’est quoi que l’Armée s'attendent de eux-autres puis qu’est-ce qui est attendu de la chaîne de commandement de eux-autres, puis en même temps on représente les Forces canadiennes au complet devant nos Rangers où est-ce que on s’assure de faire tout ce qui est nécessaire pour leur bien-être.

On fait pas mal tous les types d’emplois possibles que ça soit de la job administrative, qu’on soit un instructeur, un mentor pour le commandant de patrouille, qu’on soit un guide, qu’on fasse de la navigation, qu’on soit un scout. C’est toutes ces choses-là qu’on va faire quand on va être déployé en patrouilles. Ça fait que juste ça, c’est le plus de responsabilités que je me suis fait donner dans toute ma carrière à date. Puis j’ai été adjudant de peloton d’infanterie, puis c’est une très grosse responsabilité d’avoir 40, 42 personnes en dessous de nous. C’est très, très, très gros aussi de s’assurer du bien-être de notre peloton, mais d’aller dans une communauté tout seul, c'est comme un one man army, pour mon français là. C’est spécial.

Capitaine Adam Orton : Oui [Rires] Puis c’est intéressant parce qu’on entend tout le temps parler des Rangers. Les Rangers sont partout au Canada. Il y en a comme 5000, puis sont sur les trois côtes. Ils sont partout, mais en particulier, on parle du nord puis souvent les soldats qui reviennent du nord ils disent que les Rangers savent vraiment ce qu’ils font. Ils sont vraiment professionnels. Mais qu’est-ce que ça l’air une patrouille de Rangers dans le nord? Qu’est-ce qu’ils mangent en hiver?

Adjudant Maxime Richard : Bien nous on fonctionne avec des types de patrouilles. Ça fait qu’on va avoir le type 1 qui va être une patrouille qui va être mentorée par un instructeur Ranger. On va avoir le type 2 qui va être une patrouille qui ne sera pas mentorée. Ça va être les Rangers même qui vont aller faire leur patrouille. Une type 3 qui elle ça va être un exercice où est-ce que plusieurs patrouilles vont se rassembler. Puis après ça on a les types 4, 5, 6 on parle les opérations Nunalivut, Nunakput, Nanook. On parle des cours qui vont se donner de survie arctique à Resolute ou avec les recherches et sauvetage, les SAR TECH qui vont faire leur cours de survie arctique ou qui vont aussi se déployer en Arctique, ils vont être supportés par les Rangers. Le cours d’aviseur d’opérations arctique, je pense que c’est rendu opération Arctique maintenant. Tous ces cours-là vont utiliser des Rangers. On va appeler ça des types 4 et plus. Type 4, 5, 6. Puis la minute qu’il y a un soldat qui s’en va dans le nord, en haut du parallèle 60 degré qui monte en haut de ça, bien on va le savoir. C’est sûr que c’est dans le secteur de responsabilité La FOIN, la Force d’opération interarmée nord puis, c’est sûr qu’on est dans leur secteur de responsabilité, puis on oeuvre dans leur secteur de responsabilité, mais sauf que le premier GPRC, le groupe patrouille des Rangers canadiens, eux vont monitorer tous les Rangers dans les trois territoires, le Nunavut, le Yukon et les Territoires-du-nord-ouest. Ça fait que la minute qu’il y a quelqu’un qui vient dans le nord, on le sait. Puis les Rangers, eux, s’assurent de patrouiller le nord pour être sûr qu’il y a pas quelqu’un qui vient dedans. Les Rangers ne sont pas utilisés à des fins tactiques, mais c’est qu’on va se déployer et on va aider.

On va aussi aider beaucoup avec de la recherche et sauvetage. Ça c’est un des très bons exemples. Moi depuis que j’ai été ici, on a activé les Rangers pour faire de la recherche et sauvetage. Un des derniers exemples que je pourrais vous donner, j’étais déployé sur l’opération Nanook à Resolute Bay, puis on a dû déployer un de nos instructeurs qui faisait partie de l’opération avec les Rangers de Naujaat qui est dans la baie d’Hudson, communément appelé Repulse Bay, puis ils sont allés chercher les gens. Il y avait deux explorateurs français qui s’étaient déployés puis qui étaient en train d’explorer le passage du nord-ouest, puis ils étaient rendus très, très loin. Là ils ont activé leur balise de sécurité, puis c’est nos Rangers qui sont allés les chercher dans des conditions climatiques extrêmes. On se le cachera pas, c’était en plein hiver, il faisait des -50, visibilité réduite, puis mes bonhommes sont allés les chercher. Je trouve ça incroyable. Mais qu’est-ce qu’ils font, c'est des experts dans leur environnement. C’est comme nos guides de l’armée, ou pour les opérations des Forces armées canadiennes. Ça fait que vraiment, ils ont une très grosse responsabilité, puis c’est souvent oublié.

Capitaine Adam Orton : Puis ils ont couvert combien de distance dans cette excursion-là?
Adjudant Maxime Richard : Je pense qu’ils étaient rendus à peu près à 120 kilomètres en Ski-Doo, en motoneige.

Capitaine Adam Orton : Communément appelé Ski-Doo. Donc tu sais même dans l’Armée ou quand on fait des opérations démontées, puis on se dit ah on va faire une patrouille, des fois c’est peut-être une dizaine de kilomètres, mais habituellement on va pas vraiment loin. Mais dans le contexte de qu’est-ce que vous parlez, peut-être une patrouille, tu sais c’est pas juste se promener dehors un petit peu puis on revient là. C’est vraiment des vastes distances

Adjudant Maxime Richard : Oui, oui oui, moi sur des patrouilles que j’ai effectuées, on allait, on faisait des 600, 800 kilomètres, puis c’était commun là. J’ai entendu des histoires, moi j’en ai pas fait, j’ai entendu les histoires de mes collègues de mes confrères de travail qui eux ils partaient sur des 1300 kilomètres. Puis ça ça prend une organisation puis une planification incroyable, parce qu’il faut amener notre essence sur nos komatiks, nos traîneaux qui sont attachés en arrière des motoneiges. Mais il y a aussi des équipes de chiens de traîneaux. On a même des patrouilles à Watson Lake qui ont des chevaux. Ça fait que les gars, les femmes vont faire les patrouilles en cheval. Ce sont des choses qui arrivent. On peut l’utiliser, l’armée peut utiliser ça pour être capable de se déployer dans le nord. Ça fait que tout dépendamment de qu’est-ce qui est nécessité de la patrouille, bien on va utiliser le moyen de transportation approprié. Que ce soit en bateau, on va utiliser des bateaux avec de gros moteurs. On a plusieurs pieds qu’on peut utiliser ça va jusqu’à des 50 pieds, 40 pieds. Et ils sont capables de se déployer n’importe quand, n’importe où. C’est vraiment incroyable.

Capitaine Adam Orton : Puis quand qu’on parle, tu sais on pense à un peloton d’infanterie, t’as comme tes sections puis la composition est très on va dire formelle. C’est quoi la composition d’une patrouille des Rangers habituellement? Ou j'imagine que ça doit être décrit sous les méthodes de transportation. Je suis sûr que ça peut varier pas mal, mais qu’est-ce que ça l’air généralement en termes de composition?

Adjudant Maxime Richard : Ça va dépendre de la communauté qu’on va aller. On a à peu près 60 communautés, 66 communautés qui sont à l’intérieur du premier GPRC, le Groupe Patrouille Rangers Canadien. Mais dans ces communautés-là, tout dépendamment de combien il va y avoir de Rangers, bien ça va ressembler normalement à un peloton. On va avoir un commandant de patrouille, un adjoint de patrouille, puis après ça on va avoir des commandants de sections, des commandants adjoints de sections, puis on va avoir des Rangers qui vont être à l’intérieur de ça. Donc, tout dépendamment si on a une grosse communauté, comme justement à Naujaat, dans la Baie d’Hudson où on a plusieurs Rangers, c’est plus gros qu’un peloton. Mais il va y avoir d’autres communautés où on va avoir un peu moins. Ça fait que ça va vraiment dépendre de la communauté où on va aller, mais ça ressemble beaucoup à ce qu’on va avoir dans un peloton d'infanterie typique.

Capitaine Adam Orton : Ok, ça fait du sens. Donc vous avez parlé vous-même de vos communautés où vous avez travaillé dedans, ainsi que les patrouilles dont vous avez fait partie, quelle portion du nord est-ce que vous avez visité lors de votre séjour à Yellowknife?

Adjudant Maxime Richard : Bien moi j’ai visité les trois territoires. J’ai été dans le Yukon, j’ai été à Whitehorse, Mayo, Carmacks, Ross River, Faro. Puis moi aussi je suis un chasseur. J’ai été sur la fameuse Canal Heritage Tail. On peut s’en parler après si vous voulez. C’est quelque chose. Ça fait que j’ai vraiment été pas mal partout dans les trois territoires, puis il y a vraiment une différence prononcée à l’intérieur des trois territoires. C’est vraiment trois différents types de style qui faut qu’on ait nous en tant que membre des Rangers puis du 1er GPRC.

C’est assez incroyable la différence. Donner un petit exemple, le Yukon, on va avoir beaucoup plus de montagnes. Les Territoires-du-nord-ouest, ça va être des collines, arbres mélangés avec pas d’arbres. Puis ça fait une grosse différence, puis le Nunavut, c’est sans arbres. Puis la première patrouille que j’ai jamais faite à vie, c'était à Chesterfield Inlet, il faisait - 55 degrés, pas d’arbres, le vent-là, c'était incroyable. Puis on s’était déployé à à peu près 80 kilomètres de la communauté. C’était complètement fou. C’était un rêve. En Ski-Doo, un petit 550 Polaris Sidetrack avec un komatik, c’était une méchante expérience.

Capitaine Adam Orton : Ça me fait penser, tu sais j’étais à Shilo une fois puis il faisait -55 puis un autre -20 avec le vent. Tu sais être dehors pendant une couple de journées avec ça là, c’est pas le fun.

Adjudant Maxime Richard : Ah oui, bien c’est ça, moi j’étais à Winnipeg à l’école de Souris, puis souvent on s’est déployé dans le Notikewin Provincial Park, le parc provincial de Notikewin, puis on faisait des exercices en plein hiver, puis on lançait nos pilotes, nos personnel navigant dans le froid pour survivre, puis je leur lève mon chapeau d’ailleurs, mais c’était pas quelque chose d’évident là -55 parce que même dans le Manitoba, il y avait des temps ou c’était plus chaud dans l’Arctique que au Manitoba là.

Capitaine Adam Orton : Puis tu sais, tu le sens. Donc avec tout ça, qu’est-ce que vous avez appris je veux dire avec toutes ces expériences-là dans le nord. Qu’est-ce que vous avez appris de ça?

Adjudant Maxime Richard : Bien moi je suis venu dans le nord parce que je voulais continuer à peaufiner mes habiletés en survie. Je me disais que c’était quoi la meilleure opportunité que d’apprendre à comment survivre dans l’Arctique, que de le savoir puis de l’apprendre par les experts. Moi je vois nos Rangers canadiens comme les experts sur comment vivre dans des conditions climatiques extrêmement incroyables. Puis donner un exemple cocasse. Je suis avec mon commandant de patrouille à Naujaat où c’était vraiment une belle expérience, puis on a eu la chance de trouver un caribou pendant une journée traditionnelle. Ils m’ont montré comment dépecer le caribou d’une autre manière que je n'avais jamais vu, puis après ils m’ont montré comment faire un sac à dos avec la cage thoracique puis les ligaments de l’animal. Puis là j’étais là ok, oui, je suis venu exactement pour ce moment-là. J’étais là, ayoye, c’est malade-là.

Capitaine Adam Orton : Puis il faut mentionner, pour les gens qui ne s’y connaissent peut-être un petit peu moins-là, c’est que tu dis ah gross, un sac à dos avec des ligaments ou whatever, mais aussi si t’as besoin d’un sac à dos puis t’es dans une situation de survie, ça vient vraiment utile.

Adjudant Maxime Richard : Ah oui, puis c’est ça que j’ai trouvé qui était vraiment incroyable d’apprendre avec eux où est-ce que, veut veut pas, vue que il fait tellement froid, faut apprendre ces petites techniques-là, comment être capable de travailler avec des mitaines, comment faire un igloo, faire un bloc de neige. Le monde des fois ils trouvent ça drôle. Ah tu veux qu’on aille là pour pratiquer comment faire des blocs de neige chez vous cet après-midi. Bien oui, mais c’est que c’est un art. Les Rangers, eux, ils le maîtrisent puis ils savent comment le faire parce qu'ils l’ont appris depuis le début de leur histoire. Ils sont nés avec ça.

Ça fait que moi j’ai trouvé ça incroyable de vivre cette expérience-là avec eux-autres. D’être capable de voir c’était quoi les petits trucs. Comme admettons faire un clove hitch sur un komatik qui est une sorte de nœud qu’on utilise beaucoup pour la guerre en montagne aussi. On l’utilise pour attacher notre équipement sur un komatik. Un komatik, c’est une palette de bois avec deux skis, puis on met notre matériel dessus puis faut l’attacher avec de la corde. Mais encore-là, c’est un art. C’est quelque chose qu’il faut qu’on maîtrise. Moi j’étais vraiment content de me le faire montrer par les gens justement à Chesterfield Inlet ou à Arctic Bay pour être capable d’être efficace sans se geler les doigts, parce que ça, c’est une menace qui est constante quand il fait froid. Les engelures superficielles profondes, ça peut faire mal longtemps.

Capitaine Adam Orton : Oui, ça me fait penser, ça me fait penser à l’entrevue qu’on a eu avec le capitaine Carl Pelletier avec le Groupe Compagnie d’intervention dans l’Arctique de la 35e Brigade qui disait que on prend ça pour acquis qu’on peut utiliser du plastique, mais dans le nord, quand il fait -50, ton plastique va juste exploser donc faut que tu apprennes à faire des noeuds.

Adjudant Maxime Richard : Oui, oui, bien justement je trouve ça heureux que vous parliez du capitaine Pelletier parce que je l’ai rencontré sur une conférence de planification à Ottawa justement pour l’exercice qu’on avait fait l’année passée sur Op NANOOK. Non, c'est des choses comme ça anodines qu’on pense pas comment bien s’équiper. Comment bien s’habiller. Utiliser la pelure d’oignon je pourrais dire en bon québécois. Comment s’habiller en pelures d’oignon, il commence à faire chaud. Bien là je me dézippe. J’ouvre mes garnitures, puis je vais laisser aérer. Ok, j’arrête, bon bien là je me mets une couche isolante de plus parce que je sais que je vais être statique pendant longtemps. Ok, j’ai froid? Bien là je bouge. J’ai chaud? J’arrête, j’ouvre. Peut-être que ça a l’air un peu anodin comme ça dit comme ça, mais c’est une science qu’il faut apprendre à développer, puis ce n’est pas si anodin que ça. Ça fait une grosse différence là. Parce qu'on est capable d’aller puis de survivre au-dessus de la ligne des arbres, puis de survivre sans avoir de source de chaleur. C’est quelque chose qui est très faisable. Mais on est tellement habitué à notre confort que des fois on se pousse pas dans ces conditions-là. Mais c’est quelque chose qui m’est arrivé souvent quand j'étais dans le nord, puis ça se prend très très bien. Ça se fait très très bien.

Capitaine Adam Orton : Oui, c’est ça, peut-être avec un peu de pratique on s’adapte assez rapidement.

Adjudant Maxime Richard : Exactement.

Capitaine Adam Orton : Donc, qu’avez-vous à dire pour la personne qui va rentrer pour vous remplacer?

Adjudant Maxime Richard : Être patient, avoir les yeux ouverts, puis saisir chaque opportunité qui sont présentées. Sérieusement, c’est difficile à battre. Je serais malhonnête de dire le contraire. C’est vraiment difficile, mais c’est incroyable, juste pour venir ici, nous on est parti de Valcartier de la base de Valcartier puis on a décidé de prendre notre véhicule avec ma petite famille puis on a traversé le Canada au complet. Puis, après ça je suis arrivé ici à Yellowknife. Yellowknife je peux aller travailler en quatre roues. On a toutes les commodités nécessaires pour être capable de bien vivre ici. Il y a six écoles primaires. Il y a plein d'écoles. Les opportunités sont incroyables. Il n’y a pas le trafic qu’on va avoir dans les grosses villes.

Moi je veux me rendre quelque part, c’est cinq minutes. Je veux aller dans le bois, je suis un gros gars de chasse, puis de pêche, puis d’aventure, puis de trekking puis ces choses-là. Puis je prends mon Ski-Doo, je m’en vais sur la trail qui est à deux minutes de ma maison. Puis après ça je peux continuer puis je peux me rendre jusqu’au passage du nord-ouest là. C'est incroyable, la dernière frontière.

Capitaine Adam Orton : Wow, bien merci beaucoup de nous avoir partagé vos expériences. Ça sonne vraiment intéressant. Je vais embarquer un peu là, vous avez bien fait ça.

Adjudant Maxime Richard : Merci! Oui bien, faut pas que les personnes hésitent à, si c’est quelque chose qui les intéresse, je pense pas qu’ils devraient hésiter. Puis c’est ça qui est plaisant justement dans l’Armée où est-ce que c’est une belle aventure, puis on est jamais mal pris. Où est-ce que le monde arrive ici là, tu sais la communauté militaire c’est comme une grosse famille là pareille. Ça fait que le monde, ils sont incroyables, puis les Rangers font partie de cette communauté-là, puis c’est des gens incroyables. C'est vraiment une belle expérience.

Capitaine Adam Orton : Wow, bien merci encore une fois de nous avoir parlé.

Adjudant Maxime Richard : Bien, merci beaucoup!

[Musique commence]

Capitaine Adam Orton : Ça, c’était l’adjudant Maxime Richard du 1er groupe de patrouille des Ranger canadiens basé à Yellowknife dans les Territoires-du-nord-ouest. Et moi je suis capitaine Adam Orton pour le Balado de l’Armée canadienne.

Ok tout le monde, une petite minute de santé et sécurité, regarde, moi j’aime faire de la moto, il y a bien des soldats qui aiment ça, si vous êtes en moto, faites attention à vous-même, puis si vous l’êtes pas, faites attention à ceux qui le sont.

Chaque année, il y a des soldats qui embarquent sur la moto, puis ils se font mal puis il y a des accidents.

Donc prenez soin de vous. Merci!

[Musique termine]

© Sa Majesté le Roi du chef du Canada, représenté par la ministre de la Défense nationale, 2024