L’Armée numérique (S2 É13)

L’Armée numérique (S2 É13)

L’amélioration de la culture numérique de l’Armée canadienne comprend plus que l’utilisation des dernières technologies et meilleurs logiciels. L’Armée reconnaît qu’elle doit devenir plus « numérique ». Mais qu’est-ce que cela signifie et pourquoi cela est-il nécessaire? Le lieutenant-colonel Tom McMullen explique les mesures prises par l’Armée pour combler cet écart et la façon dont les soldats peuvent y participer.

[Musique commence]

Lieutenant-colonel Tom McMullen : On était en 2021, puis on pourrait se dire qu’on était en 1999 avec les systèmes qu’on a présentement.

Capitaine Adam Orton : Salut! Ici capitaine Adam Orton avec Le balado de l’Armée canadienne. Le sujet de cet épisode, c’est l’Armée numérique. Tous les soldats ont vécu le problème d’essayer d’avancer un dossier de quelque sorte. Ça monte à notre superviseur. Ça nous revient avec des corrections. On essaie de faire signer des documents. La bureaucratie est tout le temps un défi pour l’Armée. Pour nous parler de comment on va essayer de changer ces processus-là et emmener l’Armée dans un futur numérique, on a le lieutenant-colonel Tom McMullen du QG de l’Armée canadienne ici à Ottawa. Bienvenue au balado monsieur!

[Musique termine]

Lieutenant-colonel Tom McMullen : Merci Adam. Content d’être ici avec toi.

Capitaine Adam Orton : Donc, peut-être pour commencer un peu, est-ce que vous pouvez m’expliquer qu’est-ce que c’est l’Armée numérique et comment ça va affecter le soldat qui est sur le terrain?

Lieutenant-colonel Tom McMullen : Si le monde, quand qu’on parle de l’armée numérique, tout de suite on pense aux soldats en opération dans le clôt avec un notepad puis qui écrit ses ordres au papier avec une plume puis c’est vraiment un processus analogue. Mais on peut remonter ça jusqu’au quartier général. On a des outils numériques, tu sais la suite Microsoft, disons qu’on a notre état de parade sur un fichier Excel. Mais le processus qu’on utilise présentement, c’est pas un processus numérisé. C’est d’envoyer des courriels puis d’envoyer des attachements puis que ça monte la chaîne de commandement, puis que ça arrive disons au QG de l’Armée avec des données qui sont trois jours en retard, puis les commandants doivent prendre des décisions avec des données qui sont expirées. Tu sais ça montre tout de suite que c’est pas des choses numérisées.

Les processus peuvent être numériques, mais ça ne veut pas dire qu’on est une armée numérisée en disant qu’on a des processus numériques. C’est vraiment de repenser comment qu’on fait ces processus-là. C’est quoi la culture de l’Armée, l’entraînement qu’on reçoit. Puis veut, veut pas, le leadership présentement dans l’Armée, surtout au niveau, puis je me considère aussi, tu sais après 20 ans d’expérience, je suis pas une personne qui a grandi dans un monde numérique comme les soldats aujourd’hui qui joignent l’Armée. Tu sais, ils ont toujours eu des téléphones cellulaires, des smartphones. Sont habitués à collaborer avec des outils numériques, vu que disons au niveau de colonels, de généraux dans l’Armée, c’est des choses qui sont pas innées pour ce monde-là. Donc, c’est des choses qu'au point de vue culturel, sont pas toujours habitués. Donc, c’est vraiment d’un point de vue culturel, c’est quelque chose qu'il faut, tranquillement, qu’il faut commencer à changer aussi.

Capitaine Adam Orton : Donc, si je comprends bien, c’est pas nécessairement qu’on utilise des systèmes informatiques, mais c’est aussi question d’intégration dans le sens que il y a presque pas de différence entre écrire quelque chose sur un morceau de papier puis le donner à quelqu'un que d’envoyer un attachement courriel, mais c’est vraiment, je veux dire les gens d’aujourd’hui on peut mettre de l’information dans notre téléphone cellulaire. Ça, cette information est accessible n’importe où puis je peux la partager avec toute ma famille, puis c’est vraiment le concept d’avoir l’intégration que ça nous rapproche plus à notre but.

Lieutenant-colonel Tom McMullen : Bien, c’est exactement ça. On ne veut pas que les soldats les utilisateurs des systèmes se battent contre le système. Donc, faut que ce soit facile d’utiliser, comme un téléphone, prendre l’exemple du IPhone-là, si ça me prend plus que 10 minutes ou 10 secondes vraiment pour ouvrir une application avant que je puisse commencer à le faire fonctionner, je vais commencer à utiliser quelque chose d’autre.

Mais le soldat à la fin de la journée, il veut juste faire sa job, puis passer l’information. Faut que ça soit facile à faire. Puis, je pense que la frustration, c’est qu’on se bat contre le système, puis les outils qu’on a présentement, puis c’est une frustration qu’on ressent. Tu sais, on revient à l’exemple, le soldat qui rentre dans sa maison, qui est sur son téléphone cellulaire, connecté Wi-Fi maison, il rentre sur la base, il s’en va en opération, c’est comme si il se projetait il y a 30-40 années avec les outils qu’on a, les processus qu’on a. Donc c’est une question de moderniser l’Armée envers les outils courants dans la société, mais aussi qu’on soit interopérable avec nos alliés. Quand on se déploie en opération, on a les bons outils pour être capable de plug in avec nos alliés aussi.

Capitaine Adam Orton : Qu’est-ce qu’on est en train de faire pour essayer de se rapprocher à un environnement qui est peut-être représenté par qu’est-ce que vous avez décrit?

Lieutenant-colonel Tom McMullen : Donc, on sait au sein de l’Armée, on a le talent est là, puis on est tous des membres de la société, puis on a tous grandi avec ça. Ici, au Canada, on est choyé d’avoir des expériences d’éducation que nos soldats ont. Les soldats avec les meilleurs backgrounds techniques sont souvent ceux dans des métiers d’armes de combat, donc la plus grande chose, c’est de trouver ce talent-là donc c’est une question de comprendre, ok la culture, comprendre le talent qu’on a, puis aussi d’étudier le problème, de vraiment se consacrer à comprendre les problèmes uniques que l’Armée a présentement en point de vue de personne, au point de vue de processus, puis point de vue du système. Ces trois choses-là, puis de comprendre la vision d'où est-ce qu’on veut être, puis après ça d’établir une stratégie pour comment qu’on va s’y rendre. Parce que c’est facile, c’est un domaine de la numérisation, c’est facile d’en parler puis on dit souvent c’est des concepts abstraits de pelletage de nuage. Bien je pense, c’est d’apprendre ces concepts abstraits-là, concrétiser ces termes-là pour que tout le monde puisse comprendre, utiliser des exemples concrets, que les commandants d’unité puissent se voir eux-même dans le problème.

Capitaine Adam Orton : Là, vous avez fait mention d’accéder au talent dans l’Armée, puis on connaît tous quelqu’un qui est peut-être un caporal mais il a comme deux degrés à l’université puis un c’est en génie mécanique puis l’autre c’est en comme électronique. Donc, on sait que ces personnes-là existent en-dedans de l’Armée. Qu’est-ce qu’on fait en ce moment pour tenter d’accéder à ce talent-là pour l’utiliser, pour avancer le but?

Lieutenant-colonel Tom McMullen : Souvent, le monde avec des aptitudes dans les domaines de numérisation puis d’analyse de données, c’est pas du monde avec du background techniques. Souvent c’est du monde créatif, puis ça ça ressort pas sur un PR disons. Donc, présentement, l’armée est en partenaire avec une compagnie pour une plateforme, puis ça commence avec un test d’aptitudes, tu réponds à une dizaine de questions, puis la plateforme va tout de suite te dire si t’as un potentiel ou une aptitude pour continuer l’entraînement, donc une aptitude en données, en analyse de données, en numérisation, puis avec ça, tout de suite on peut dire ok ces soldats-là ont l’aptitude, puis ils vont continuer sur la même plateforme, puis ils peuvent prendre l'entraînement en ligne. Commencer à utiliser beaucoup d’outils qui sont courants dans l’industrie, la plupart des outils, c’est des outils Microsoft. Commencer à répondre à des problèmes numériques que les unités ont présentement. C’est pas des choses que ici moi du QG de l’Armée, je cherche pas vraiment à voler du monde puis à voler tout le temps de l’Armée pour travailler sur mes problèmes à moi. Non. C’est vraiment de trouver le monde, d’exploiter leur potentiel numérique, mais aussi que eux-autres puissent tout de suite commencer à travailler sur des problèmes numériques au sein de leurs unités. Donc, c’est vraiment de connecter le monde, leur talent, et puis avec les problèmes qu’on a.

Capitaine Adam Orton : Donc, si je comprends bien, le but ça serait pour des réservistes soit au niveau classe A, prendre une couple de journées pour travailler sur un problème ou sur une unité de la régul. Peut-être qu'un ou deux soldats se feraient prendre puis ils travaillent sur un projet spécial qui va leur permettre de résoudre un problème qui existe soit au niveau de la gestion de l’information à leur unité, c’est ça?

Lieutenant-colonel Tom McMullen : Exactement, donc c’est un peu le modèle UBER qu’on a plein de talent partout dans l'Armée puis l’analogie c’est qu’on est des driver UBER, puis on a beaucoup de problèmes au sein de l’Armée, puis on peut commencer à faire le lien entre les problèmes puis le monde qui peuvent travailler dessus les problèmes. Donc, on prend un réserviste à temps partiel, il peut commencer à travailler sur des problèmes disons une couple d’heures par soirée. Donc un réserviste disons à Valcartier peut commencer à travailler sur un problème que l’unité à Edmonton a pour pendant au cours de deux semaines pour développer une solution, mais disons que la solution est un dashboard pour l’unité puis ça peut répondre à plusieurs autres des mêmes problèmes. Disons qu'une unité à Halifax ont le même problème, mais ils ne le savent pas, mais tout de suite en voyant la solution à développer, ils peuvent commencer à l’appliquer. Donc, tu sais la puissance des choses numériques, c’est on peut créer une solution une fois mais ça peut être réutilisé à la grandeur de l'Armée si on veut.

Capitaine Adam Orton : Quelles étapes on est en train de prendre pour communiquer avec les unités, les sous organismes pour essayer de peut-être mieux comprendre les sources de problèmes?

Lieutenant-colonel Tom McMullen : Une des choses qu’on veut faire, c’est de répandre le message que on a des équipes qui travaillent ici au QG de l’Armée, il y a des équipes à travers les divisions qui regardent ce problème-là aussi. Il y a quelque chose qui s’appelle le Digital Nexus ici au QG de l’Armée, c’est une fonction de vraiment avoir une seule entrée où est-ce qu’on peut comprendre toutes les initiatives numériques au sein de l’Armée parce qu'on sait qu'on a des initiatives numériques. Puis dépendamment des divisions, des unités que ce soit la régul, que ce soit dans la force régulière, toutes les initiatives différentes qu’on a, un point de vue numérique, on doit avoir une meilleure cohésion en termes de pouvoir comprendre qu’est-ce qui se passe, de pouvoir s’investir puis de prendre des décisions dans ces priorités puis ces investissements-là. Donc, les idées d’un point de vue numérique c’est souvent les idées qui proviennent des soldats, des caporaux, la génération qui viennent de joindre l’Armée. C’est eux-autres qui ont les meilleures idées pour ça. Donc c’est comment qu’on répand ce message-là envers ce monde-là.

Capitaine Adam Orton : Puis est-ce qu’on a eu des victoires jusqu’à date? Est-ce qu’on a eu des changements qui ont découlé de ce qu’on essaie de faire en ce moment?

Lieutenant-colonel Tom McMullen : Je pense qu’il y a beaucoup d'exemples puis je suis sûr avec la Covid, puis les choses qu’on a passé au travers des derniers 18 mois. Toutes les petites choses que les ET ont dû s’adapter avec les nouveaux outils qu’ils ont. On va prendre un exemple de Microsoft 365, puis le fait qu’on puisse se connecter, surtout avec la force régulière, ils ont des moyens présentement avec leur téléphone, avec le réseau à la maison, de se connecter, de s’identifier sur le réseau de la Défense que avant, toutes les choses se faisaient à travers leur courriel civile disons. Mais maintenant au moins avec Office 365, ils peuvent se connecter. Puis avec cette plateforme-là, c’est vraiment de donner des outils comme ça aux soldats, aux unités. Puis ils peuvent prendre les outils puis les utiliser de façon différente aussi.

Donc il y a des unités, juste au sein de la 2e division qui ont utilisé la plateforme 365 pour faire des dashboard numériques au sein des unités puis qu’ils utilisent exclusivement ce réseau-là disons pour visualiser l’état, l’effectif de leurs unités. Donc, il y a des choses comme ça, il y a la plateforme qui vient d’arriver au sein du QG de l’Armée. Donc c’est une plateforme de demande, d’analyse de données. C’est une genre de plateforme sur ASIM sur SharePoint que n’importe qui dans l’Armée, n’importe qui peut faire une demande pour un problème qui ont au sein de leur job en termes d’analyse de données. Puis ça va arriver aussi au QG de l’Armée, au sein du staff qu’on a, puis ils vont être capable de prendre ces problèmes-là et puis de vraiment commencer à bâtir des solutions. Donc c’est un genre de portal auquel n’importe qui peut accéder pour soumettre des problèmes.

Capitaine Adam Orton : À ce point-ci dans le processus, qu’est-ce qu’on a réalisé? Ou est-ce qu’on en est en ce moment?

Lieutenant-colonel Tom McMullen : Présentement, je pense que tout le monde sait qu'il y a des frustrations, il y a un problème. Il faut moderniser vers une armée numérique. C’est là qu’on est, si on visite le problème, on commence à établir une stratégie envers ou est-ce qu’on veut aller comme armée. C’est aussi de reconnaître que y’a pas vraiment de end state comme tel ou état final à franchir. C’est vraiment le processus et puis l’exercice d’étudier le problème, de commencer à avoir des petites victoires, de commencer à bâtir un momentum, puis avec le processus à travers le temps en faisant ces choses-là, plus que le monde s’engage. Ça prend l’engagement de tous les rangs pour qu’on puisse commencer à transformer comme Armée. Parce que il n’y a pas une journée qu’on va se réveiller en 2030, on va dire ah, ok on est arrivé, on est transformé numériquement, c’est une armée numérique on est good to go. Euh, non. C’est vraiment le processus à travers qu’on va passer parce que écoutez, présentement, on est en 2021 puis on pourrait se dire on est en 1999 avec les systèmes qu’on a présentement. Donc, c’est avant qu’on modernise avec les investissements qu’on va acheter, tous ces nouveaux systèmes-là, ça va être les mêmes problèmes qu’on a vécu avec les derniers 20 ans si on change pas les processus puis la culture qu’on a présentement.

Capitaine Adam Orton : Qu’est-ce qu’on regarde dans le futur? En regardant de l’avant, c’est quoi la prochaine étape?

Lieutenant-colonel Tom McMullen : La prochaine étape, c’est d’établir un genre de plateforme pour qu’on puisse au moins avoir le pouls de la Force, de comprendre les problèmes, que le monde expériencent présentement au sein des unités, non seulement la force régulière, mais la force des réserves. C’est de faire le lien entre les problèmes que les soldats ont, puis les experts et le talent qu’on a puis de connecter ces deux morceaux-là.

[Musique commence]

Capitaine Adam Orton : Bien merci d’avoir pris le temps de nous expliquer tout ça.

Lieutenant-colonel Tom McMullen : Merci Adam, ça fait plaisir.

Capitaine Adam Orton : Ça c’était le lieutenant-colonel Tom McMullen du QG de l’Armée canadienne. Dans les notes de cet épisode, vous trouverez le lien du questionnaire dont on a parlé. Si vous avez intérêt à participer au programme, faites le test, vous allez voir vos aptitudes, puis vous allez avoir l’option de faire de l’entraînement. On vous encourage fortement.

Comme d’habitude, moi je suis capitaine Adam Orton pour Le balado de l’Armée canadienne, prenez soin de vous.

[Musique termine]

© Sa Majesté le Roi du chef du Canada, représenté par le ministre de la Défense nationale, 2024