Guerre électronique (S2 É7)
[Musique commence]
Caporal Émile Morrissette : Ça montre à quel point ça n'a vraiment pas coûté cher-là d'arriver à nous exploiter dans le domaine de la guerre électronique. Nos adversaires dans ce domaine-là sont vraiment très, très, très avancés.
Capitaine Adam Orton : Salut! Ici le capitaine Adam Orton du Balado de l’Armée canadienne. Le sujet de notre balado aujourd’hui c’est la Brigade d’appui au combat du Canada. Et on va aussi discuter de la guerre électronique. Avec moi, aujourd’hui, j’ai le caporal Émile Morrissette du 21e Régiment de guerre électronique. Salut! Bienvenue au balado!
[Musique termine]
Caporal Émile Morrissette : Bonjour! Merci de me recevoir!
Capitaine Adam Orton : Donc, parlez-nous un peu de vous-même pour commencer.
Caporal Émile Morrissette : Alors je suis un opérateur de guerre électronique légère au 21e Régiment de guerre électronique du Canada qui fait partie aussi de la Brigade d’appui du Canada au Combat. Alors, ça fait quatre ans que je suis dans l’Armée, environ deux ans que je suis au régiment. Ça m’a permis de, j’ai réussi à déployer dans plusieurs pays depuis ce temps-là avec twenty-one comme on aime l’appeler. Ça a été une super belle expérience jusqu'ici.
Capitaine Adam Orton : Déjà plusieurs déploiements en quatre ans. C’est impressionnant! Est-ce que vous êtes régulier ou réserve?
Caporal Émile Morrissette : Non, moi je suis dans la force régulière. Ce qui est vraiment cool par exemple, à notre unité c’est que, par exemple la Brigade d’appui au combat du Canada c’est régulière et réserve. Donc plusieurs éléments qui sont ensemble. Vraiment fier de pouvoir représenter ça. Donc présentement mon unité, c’est quand même une formation unique au Canada où on a une vraiment bonne formation de réserve à l’intérieur même de l’unité donc, un escadron parmi ceux de la régulière. Donc on travaille très proche avec nos partenaires de la réserve, oui une belle expérience.
Capitaine Adam Orton : Oui, puis en parlant de ça, l’armée a créé un environnement où ce que la transition entre la régulière puis la réserve est peut-être un peu plus facile pour les gens, peut-être c’est le temps de passer du temps avec leur famille ou il y a un changement dans leur situation de vie, peut-être mettre ça un peu plus facile donc ça semble comme un environnement peut-être un petit peu plus différent de la norme où ce que vous avez deux organismes plus ou moins jumelés ensemble.
Caporal Émile Morrissette : Donc, ça a permis je pense à beaucoup de gens que je connais par exemple de prendre différentes opportunités. Il y a un collègue en fait à moi qui, mécanicien au régiment avant dans la force régulière qui est maintenant dans la réserve dans le même métier que moi, et on travaille ensemble couramment.
Capitaine Adam Orton : Wow! Donc en parlant de la brigade d’appui, vous avez mentionné plusieurs unités qui travaillent ensemble sous cet organisme-là, quelles unités qui existent dans la brigade d’appui?
Caporal Émile Morrissette : Donc outre le 21e Régiment de guerre électronique, on a aussi le 4e Régiment d’artillerie du Canada donc le support général ces gars-là s’occupent de radars, de drones, vraiment d’arriver à acquérir des cibles pour l’artillerie donc c’est leur spécialité. Et aussi le 4e Régiment d’ingénieurs du Canada, des gens qui sont très préparés à la highest readiness pour les ingénieurs au Canada.
Aussi quelque chose de très spécial pour brigade d’appui du Canada, c’est ce qu’on appelle psyOPS ou comme un peu des influenceurs pour plus les populations civiles, ou tenter de faire la guerre psychologique, donc les gros speakers, les pamphlets ce genre de choses-là. Et aussi le Régiment d’intelligence du Canada qui nous donne du support pour tout ce qui est intelligence. Donc c’est vraiment d’arriver à regrouper ces unités-là ensemble puis les faire travailler ensemble pour développer une plus grosse image du terrain de combat, ce qui est crucial dans la guerre moderne.
Capitaine Adam Orton : Est-ce que vous avez eu la chance de travailler avec les autres organismes?
Caporal Émile Morrissette : Un petit peu oui, on a eu, j’ai eu un peu de l’expérience minimale mais on a travaillé ensemble pour donner des briefings sur les capacités de la Brigade d’appui au combat du Canada. Donc j’ai eu la chance de pouvoir visiter c’est quoi leurs capacités aussi, les connaître mieux. Aussi on a eu la chance pendant nos entraînements, le terrain d’entraînement ici sur la base de Kingston, de les laisser utiliser leurs speakers de combat qu’on appelle très fort. C’était une très belle expérience.
Capitaine Adam Orton : Donc, comme soldat, dans le métier de guerre électronique, que faites-vous de jour en jour?
Caporal Émile Morrissette : Au jour le jour le Régiment, c’est travailler ensemble pour faire en sorte que tout cet équipement-là qu’on a, véhicules inclus, plusieurs autres choses fonctionne comme une machine bien huilée. Donc c’est de l’équipement qui peut être parfois complexe à comprendre ou à utiliser et aussi facile à briser donc faut s’assurer que ça soit tout le temps bien inspecté puis quand on en a besoin bien ça fonctionne.
Donc, pour moi, jour du jour du régiment, c’est de m’occuper de cet équipement-là avec mes collègues. Sinon souvent quand qu’on est en exercice ou déployé, bien c’est là que moi en tant que opérateur de guerre électronique légère, je vais être associé avec des équipes de reconnaissance infanterie légère ou encore des snipers, même si on utilise des J-Wagon on suit aussi les reconnaissances blindées.
Capitaine Adam Orton : Quelle sorte de personne que peut-être qui appliquerait dans le domaine de guerre électronique? Est-ce qu’il y a des talents particuliers que vous diriez sert mieux dans ce domaine-là?
Caporal Émile Morrissette : Définitivement, moi je dirais toute personne qui a été intéressée ou qui s’y connaît en ce qu’on appelle la radio amateur, Ham radio, c’est toutes sortes de connaissances qui peuvent très bien s’appliquer à ce genre de travail-là. N’importe quelle personne qui aime travailler avec et comprendre la technologie aussi surtout. Mais vraiment on a un focus sur tout ce qui est radios bien sûr puis les ondes électromagnétiques, radios, tout ça. On parle aussi de plus en plus de cyberespace, mais ça c’est quelque chose de séparé. Donc nous c’est vraiment quelqu’un qui aime fabriquer ses propres systèmes radios des choses comme ça, il va vraiment aimer le genre d’expérience qui va vivre au Régiment c’est sûr.
Capitaine Adam Orton : Est-ce que c’est quelque chose que vous faites dans votre temps libre, travailler dans des systèmes radios, développer des choses comme ça?
Caporal Émile Morrissette : Oui, j’y passe un peu aussi un peu de temps libre. J’ai à écouter des choses, recevoir des transmissions de la station spatiale internationale des choses comme ça. Ou avec une espèce de petite clé USB qu’on peut brancher dans notre ordinateur pour écouter toutes sortes de fréquences donc c’est un peu un passe-temps auquel je m’y mets pour aussi m’aider à développer toutes ces compétences-là qui me sont vraiment pratiques à la job.
Capitaine Adam Orton : Qu’est-ce qui vous a attiré à travailler dans ce métier-là?
Caporal Émile Morrissette : Moi j’avais un bon ami à moi avec qui on faisait les cadets quand on était jeunes, puis on s’était mis ensemble pour dire qu’on voulait aller dans l’Armée. On l’a fait sauf que lui est allé dans l’infanterie, moi je me suis ramassé ici. Puis surtout à cause que je savais que j’avais un côté un peu plus technique que je voulais utiliser. Ça a juste fini comme ça. Moi je trouve que ça a très bien cliqué puis j’ai jamais regretté.
Capitaine Adam Orton : Donc, en revenant sur la Brigade d’appui un petit peu, on voit que la Brigade d’appui, y’a plusieurs unités différentes puis à ce que je sache, par exemple, ils tombent sous la 5e division qui se trouve en Nouvelle-Écosse. Mais nous voici à Kingston, puis certainement qu’il y a d'autres éléments qui sont un petit peu partout. Comment est-ce que vous réussissez à travailler ensemble étant donné que tout le monde est répandu partout?
Caporal Émile Morrissette : Bien c’est vraiment en prenant des opportunités comme les exercices Maple Resolve où là on peut enfin tous être regroupés sur un même terrain de combat comme on dirait puis réussir à travailler ensemble depuis là. Sinon, si c’est pas pendant Maple Resolve, c’est vraiment un travail entre les différentes chaînes de commandement des unités pour passer de l’information à leurs membres et avoir aussi peut-être des évènements d’entraînement si possible entre unités. Mais vraiment la plus grosse opportunité pour nous-autres d’opérer ensemble c’est des exercices comme Maple Resolve.
Capitaine Adam Orton : Oui, puis en parlant de Maple Resolve, tu sais ça c’est vraiment où ce que non seulement les éléments de la Brigade d’appui viennent ensemble, mais là c’est vraiment où ce que tu sais les fantassins, les blindés, les ingénieurs, toute la grosse gang s’intègre pour faire l’entraînement pour des grosses missions. Comment est-ce que le rôle de la guerre électronique influence ces activités-là. Comment vous vous intégrez dans des exercices comme ça?
Caporal Émile Morrissette : Donc moi je vais parler de mon expérience personnelle en tant que opérateur de guerre électronique légère donc ça c’est vraiment être au front de ce combat-là avec la reconnaissance infanterie légère des choses comme ça. Donc pas tout le temps des bonnes communications de retour vers les commandants des choses comme ça. Mais ce qui est important, c’est qu’on puisse donner à ces unités-là qu’on supporte une meilleure connaissance de leur environnement de qu’est-ce qui se passe. Réussir à détecter les ennemis avant même qui soient dans le champ de vision. Ou tout simplement réussir à garder, on parle souvent de tu sais de light discipline, mais aussi de radio discipline. C’est une chose je veux dire, c’est comme la lumière c’est une onde électromagnétique qui se propage. Donc ça c’est pas quelque chose qui est souvent connu, mais c’est quelque chose qu’il faut vraiment pratiquer. Donc supporter ces unités-là à réussir à rester caché quand ça vaut la peine. Donc, ça c’est surtout dans quoi que je me spécialise. Mais sinon le reste du Régiment, eux-autres vont pouvoir avoir accès à des pièces d’équipement beaucoup plus lourdes sur des véhicules blindés qui vont leur laisser la chance d’avoir des antennes vraiment très hautes de couvrir une très grande partie du terrain de combat et de donner une grosse image au commandant de qu’est-ce qui se passe dans le théâtre à ce moment-là.
Capitaine Adam Orton : J’aime que vous soulevez le point en particulier, la comparaison avec le light discipline parce que j’ai récemment en fait lu un article en ligne à propos de l’Armée américaine que lors d’un exercice, les soldats qui avaient apporté leurs appareils personnels avec eux et l’ennemi dans l’exercice utilisait des techniques de guerre électronique pour déterminer l’emplacement des soldats basé seulement sur leurs appareils électroniques. Donc, c’est certainement quelque chose qu’il faut considérer comme soldat surtout d’un aspect professionnel si on s’en va en déploiement ou en exercice. Que n’importe quoi tu amènes avec toi, peut-être pas détecté, mais ça joue un rôle dans l’environnement.
Caporal Émile Morrissette : Oui, donc ça c’est très vrai puis c’est quelque chose qu’on veut vraiment attirer l’attention de tout soldat canadien vers ce problème-là qui devient de pire en pire je dirais. Vraiment, quand on pense que ça commence à coûter vraiment pas cher arriver à exploiter ce genre de données-là. On parle, j’ai eu la chance d’avoir un cours en Virginie où j'ai rencontré un ex Navy Seal qui se spécialise maintenant en cybersécurité. Il m’a raconté comment que tous ces facteurs-là, comment ils peuvent acheter un simple micro ordinateur à 40$, plugger une carte Wi-Fi à 10$ dedans et juste en utilisant ça puis avec un peu d’ingéniosité, ils peuvent arriver à détecter s’il y aurait des éléments de certaines armées qui approcherait dépendamment de quel genre d’intelligence qu’ils ont collecté sur eux avant bien sûr. Mais ça montre à quel point ça commence à vraiment pas coûter cher d’arriver à nous exploiter dans le domaine de la guerre électronique, le cyberespace des choses comme ça. Et aussi le fait que plusieurs adversaires qu’on dirait plus des forces conventionnelles, nos adversaires dans ces domaines-là sont vraiment très très très avancés. C’est quelque chose qu’il faut vraiment faire attention.
Capitaine Adam Orton : Donc, on parle en ce moment de peut-être du moment actuel, si on considère qu'il y a même 20 ans passés, le domaine électronique a beaucoup changé. En regardant de l’avant peut-être, comment est-ce que vous voyez le rôle de la guerre électronique évoluer?
Caporal Émile Morrissette : Moi je pense que ce qui va vraiment se passer c’est que non seulement on va rester en fait pour le support au combat, arriver à détecter des ennemis, à donner des indications de que c’est quand que les ennemis vont arriver des choses comme ça. Mais aussi je pense qu’on va devenir plus aussi des conseillers pour différents commandants sur comment se protéger si jamais un ennemi aurait ce genre de capacité-là aussi. Donc, comme je dis, la radio discipline ou carrément des systèmes de radios différents pour arriver à empêcher l’ennemi d’exploiter nos communications dans le fond. Donc, je pense que c’est vraiment un rôle qui serait vraiment important dans les années qui viennent.
Capitaine Adam Orton : J’aime vraiment comment vous avez dit ça. Dans ce cas-là on va terminer ça là.
Caporal Émile Morrissette : Oui!
[Musique commence]
Capitaine Adam Orton : Merci encore une fois. C'était le caporal Émile Morrissette du 21e Régiment de guerre électronique. Moi je suis le capitaine Adam Orton du Balado de l’Armée canadienne. N'oubliez pas d’aller visiter notre catalogue d’anciens épisodes. Il y a beaucoup de bon matériel là-dedans et comme d’habitude, prenez soin de vous!
[Musique termine]