Entraînement dans l’Arctique (S2 É5)
[Musique commence]
Capitaine Carl Pelletier : Les soldats ne sont pas juste capables de survivre dans l’Arctique, mais sont capables de travailler. Donc faut être capable de sortir de la tente même s’il fait -70 s’il faut faire de la recherche ou du sauvetage pour des gens perdus ou des blessés, bien il faut être capable d'y aller dans des temps raisonnables.
Capitaine Adam Orton : Salut, ici capitaine Adam Orton avec le Balado de l’Armée canadienne. Aujourd’hui le sujet du balado, c’est les opérations dans le Grand Nord. Avec moi aujourd’hui on a le capitaine Carl Pelletier du 35e Groupe-brigade du Canada à Québec. Capitaine Pelletier est l’officier d’opération pour le Groupe-compagnie d’intervention dans l’Arctique ou le GCIA et il va nous parler de ses expériences dans le Grand Nord.
[Musique termine]
Salut capitaine Pelletier! Bienvenue!
Capitaine Carl Pelletier : Salut! Ça va bien?
Capitaine Adam Orton : Oui! Ça va très bien! Donc pour commencer, on demande tout le temps à nos invités de peut-être nous parler un petit peu d’eux-même. Parlez-nous de votre carrière! Comment vous vous êtes rendus au GCIA?
Capitaine Carl Pelletier : Et bien moi je me suis enrôlé il y a 32 ans comme membre du rang puis j’ai progressé jusqu’à sergent-major de compagnie pour commissionner officier il y a cinq ans, ça fait que je suis capitaine là depuis cinq ans. Ma carrière au niveau de l’Arctique a commencé en 1998 quand j’ai joint le 2e Groupe de patrouilles Rangers du Canada comme instructeur avec les Rangers dans le Grand Nord. Ça fait que mon expérience a débuté là. Puis en 2008, le quartier général de la 35e brigade cherchait des spécialistes pour développer la capacité GCIA, alors j’ai été approché pour joindre le quartier général de la 35e Brigade. Ça fait que depuis 2009, je suis dans le milieu des opérations arctiques, puis c’est là que j’ai mis sur pied avec une petite équipe-là cette capacité-là qui était demandée par l’Armée avec les nouvelles orientations de la Défense en 2008.
Puis là, bien là durant ma carrière naturellement j’ai fait toutes sortes de choses, travaillé au sein d’écoles, déploiements à l’étranger en Afghanistan sur Opération ATHENA puis, plus récemment, Opération IMPACT. Donc j’ai bougé beaucoup. J’ai travaillé à différents niveaux avec les unités de la force régulière aussi-là. Ça fait que j’ai une carrière très diversifiée.
Capitaine Adam Orton : Oui, je trouve ça intéressant parce que des fois on est sous l’impression en termes de réserviste que les gens ils restent à une place puis ils font leur affaire, mais vraiment c’est plus des fois des options dans le choix de carrière. Ça peut nous apporter à des places intéressantes.
Capitaine Carl Pelletier : Effectivement, puis c’est ce que j’aime c’est la diversité puis c’est les nouveaux défis c’est toujours plaisant.
Capitaine Adam Orton : Donc en parlant du GCIA, c’est quoi le rôle du GCIA? C’est quoi les missions que vous faites?
Capitaine Carl Pelletier : Le rôle premier du GCIA, c’est d’être en mesure de répondre à une urgence dans l’Arctique. Donc c’est une capacité opérationnelle de l’Armée qui a été attribuée à la réserve. Donc nous on fonctionne avec des avis de mouvement officiel de 4 à 8 jours, puis on est vraiment spécialisé pour travailler dans l’Arctique. Ça fait que tout l’entraînement, tout ce qu’on fait c’est pour permettre aux troupes d’être agiles puis d’être adaptées à opérer dans le Grand Nord du Canada-là dans des conditions extrêmes telles que l’Arctique-là c’est vraiment pas évident travailler là-bas. Puis dans notre rôle domestique bien c’est d’être capable d’assister les autorités civiles en cas de désastres majeurs ou bien des recherches et sauvetage au sol.
Capitaine Adam Orton : Puis, il y a peut-être des gens qui écoutent, puis qui se disent que bien tu sais le Canada on a l’hiver partout, il fait tout le temps froid. C’est quoi la différence entre opérer dans le Grand Nord puis tu sais juste aller dehors en hiver puis faire la guerre en hiver?
Capitaine Carl Pelletier : Bien la première différence majeure, c’est que dans le Grand Nord, on appelle ça la ligne d’arbres. Donc à partir d’une certaine latitude, il y a plus d’arbres. Ça fait quand on se déploie exemple à Resolute Bay, y’a aucun arbre là-bas donc, d’essayer d’attacher une tente avec des cordes sur un arbre on va chercher longtemps. Donc c’est ça qui fait une énorme différence. Les soldats la première fois qu’ils y vont, s’ils ont pas été préparés à ça, ils peuvent avoir un choc culturel. La deuxième différence, c’est au niveau du type de froid. Le froid dans le Grand Nord est beaucoup plus sec, puis il est beaucoup plus sournois qu’ici. Ça fait que, par exemple, on peut sortir de l’avion puis 40 secondes plus tard on a des engelures au visage. Ça fait qu’on revient avec des ‘spots’ blancs, des taches blanches, des ‘frostbites’ qu’on appelle en anglais, puis ça frappe très vite. Faut vraiment être à l’affût de ça parce que ça peut frapper en-dedans d’une minute puis c’est fait. Puis naturellement, même si le froid est très sec, il semble, pour un -30 dans l’Arctique, puis un -30 exemple à Québec, où c’est très humide, ça peut paraître plus chaud dans le nord, mais c’est quand même plus froid parce que là-bas on peut atteindre minimum des -60 avec le facteur vent facilement. Ça fait que ça peut être très impressionnant.
Capitaine Adam Orton : Donc quel impact est-ce que ce froid-là peut avoir sur l’entraînement surtout j’imagine l’équipement doit avoir certains problèmes, de l’équipement civil, c’est conçu pour opérer dans certaines températures puis peut-être même quand il fait -70, ça fonctionne moins bien. Quels sont peut-être les problèmes logistiques avec des opérations dans le Grand Nord?
Capitaine Carl Pelletier : Bien la grosse impact du froid, c’est surtout ce qui est caoutchouc, plastique donc faut vraiment que les soldats prennent soin de leur équipement parce que vu qu’on est loin, les chaînes d’approvisionnement ça peut être très long. Les ressources locales pour nous supporter, y’en a pas en général donc quand qu’on part, on part avec tout notre équipement. Puis les soldats là-bas bien il faut qu’ils prennent soin de tout leur matériel sur le terrain pour être capable de travailler efficacement parce que dès que ça casse, bien il faut remplacer puis là ça peut être très long. L’effet du froid sur le plastique, caoutchouc, les batteries. Les batteries ça peut être assez impressionnant si on prend pas attention à nos systèmes électroniques puis qu’on les expose au froid en dedans de quelques minutes, la batterie qui peut durer 8 heures, bien elle peut être vide après une demi-heure exposée au froid-là. Ça fait qu’il faut faire très attention. C’est pour ça que les soldats souvent on les voit remettre leur radio à l’intérieur de leur manteau près du corps où ça demeure chaud. Ça fait que toutes ces manipulations-là, c’est pas évident. Tout ce qui est de manipuler les petites pièces pour réparer les motoneiges, bien ça peut être complexe.
Une chose qu’on voit souvent, c’est quand on amène les motoneiges du sud, on appelle le sud, les régions subarctiques, comme Québec, Montréal, Edmonton, ça c’est le sud pour nous quand on est dans le nord. Ça fait que quand on déploie admettons nos motoneiges à Valcartier, exemple dans le Grand Nord du Canada, bien si elles ont eu de l’humidité qui s’est accumulée dans les filtres sur la base à Québec, bien là-bas ça va geler dans un temps record. Puis à ce moment-là bien il faut que les mécaniciens changent tous les filtres, qu’ils purgent tout le réseau d’essence, les tuyaux pour enlever tout l’humidité sinon les machines deviennent non opérationnelles dans un temps… ça peut être surprenant, on peut faire quelques kilomètres, puis tout arrête, tout est gelé puis c’est fini, ça fait que c’est toutes des petites choses que normalement on prend pas attention à ça dans nos opérations normales dans le sud du Canada mais que dans le nord, c’est des choses critiques à prendre en considération.
Capitaine Adam Orton : Donc il y a beaucoup de préparation au niveau de l’équipement pour s’assurer que c’est vraiment prêt pour opérer dans cet environnement-là. Ce qui en est des soldats, quelle sorte d’entraînement de préparation qu’on fait pour eux.
Capitaine Carl Pelletier : Bien au niveau de la préparation, on a toujours les cours de base. Qu’est-ce qu’on demande nous quand on déploie c’est que les soldats soient qualifiés en guerre hivernale élémentaire. Donc apprendre à vivre sous la tente et opérer les poêles, les fanal, ces trucs-là, cet équipement-là qu’on a de base. Par contre nous quand on déploie, bien on demande à ce que on va s’assurer de former le maximum de gens sur les motoneiges parce que c’est notre moyen de transport principal dans le Grand Nord vu qu’on a beaucoup de distance à couvrir, à pied, ce n’est pas efficace donc c’est motoneige puis sinon ça va être l’emploi de l’aviation tactique, ça fait qu’on parle des Twin Otter qui sont des avions de brousse à deux moteurs, qui sont équipés de skis puis qu’ils peuvent atterrir partout sur la banquise ou sur la toundra. Donc les soldats, faut leur enseigner les concepts comment faire atterrir des avions sur des pistes austères, comment on va charger ces avions-là la façon de disposer l’équipement dedans. Ensuite, on a toutes sortes d’équipement spécialisés au niveau des communications parce que les radios qu’on utilise normalement, la suite STCC (Système tactique de commandement, de contrôle et de communications), les radios ouvertes VHF dans le Grand Nord ça ne fonctionne pas. Donc nous autres là-bas, ça va être communication satellitaires avec des moyens HF. Puis les connaissances au niveau HF sont quand même limitées dans l’armée ça fait qu’on donne des, nos spécialistes en communication ont développé des bonnes trousses d’instructions à ce niveau-là ça fait qu’ils vont former les soldats sur les communications à longue portée qui sont essentielles dans le Grand Nord. Puis ensuite, bien c’est tout l’équipement supplémentaire qu’on utilise là. On a des poêles Yukon qui sont un système de chauffage qui est spécialisé pour le nord. Ça ressemble à un poêle à bois, mais c’est multi fuel. Donc on peut les utiliser avec du diesel ou du bois ou du kérosène. On peut les alimenter de différentes façons. Puis ces poêles-là bien nous à la compagnie arctique on est chanceux, on en a une dotation ça fait que on va entraîner les soldats à utiliser ça pour pouvoir chauffer leur tente-là d’ailleurs c’est très efficace. Ça donne une bonne chaleur là, quand il fait -50 dehors, bien on est content de rentrer dans une tente avec ce système de chauffage-là.
Il y a plein d'autres choses sur lesquelles on va former des gens, mais en général là c’est ça. Ça fait qu’il y a une bonne préparation sur les choses qu’on est pas habitué de travailler avec dans une unité d'infanterie exemple standard.
Capitaine Adam Orton : Pour ceux peut-être qui s’y connaissent un petit peu des missions dans le Grand Nord, on entend tout le temps parler de l’implication des Rangers dans cet entraînement-là. Qu’est-ce qu’ils apportent à l’équipe?
Capitaine Carl Pelletier : Bien les Rangers, c’est une composante très importante dans nos opérations dans le Grand Nord. À chaque fois qu'on va se déployer au Nunavik qui est la région administrative dans le nord du Québec, ou bien le Nunavut ou dans les Territoires-du-nord-ouest, on va travailler conjointement avec les Rangers. Ça fait que eux, qu’est-ce qu’ils nous apportent, c’est deux volets principaux. Le premier c’est qu’ils connaissent très bien leur territoire donc ils vont servir de guide sur le terrain pour les troupes de combat soit la force régulière ou soit la force de réserve. Puis, ça fait qu’ils vont servir de guide et de spécialistes sur le terrain pour donner des conseils au niveau de la survie dans l’Arctique puis être capable de travailler là-bas dans des conditions extrêmes.
La deuxième tâche principale des Rangers, quand ils travaillent avec nous conjointement, c’est qu’ils vont être notre liaison avec la communauté locale. Donc quand on arrive là-bas, souvent, c’est des petits villages, ça peut aller de 90 habitants jusqu’à 8000 tout dépendant de la ville ou du village où on va. Ça fait que les Rangers vont être notre lien avec la communauté locale pour différentes activités soit si on a besoin de ravitaillement local en essence ou d’infrastructure pour loger les troupes parce que c’est pas tous les villages qui ont des infrastructures militaires comme on retrouve à Resolute Bay puis à Iqaluit avec les stations et les sites d’opération avancés. Donc quand, exemple, on arrive à Kuujjuaq, dans le nord du Québec, il n’y aucune infrastructure militaire ça fait que toute la planification puis le soutien aux opérations, une fois qu’on est déployé va se faire à partir des villages puis des infrastructures locales. Donc les Rangers pour ça, c’est notre premier partenaire pour être capable d’opérer puis de fournir le soutien logistique puis le soutien en communication à partir du poste de commandement vers les troupes qui sont sur le terrain. C’est crucial là, l’apport des Rangers dans nos opérations est crucial. On a besoin d’eux pour travailler dans le Grand Nord, puis la capacité qu’ils nous apportent est très importante pour nous puis ça nous donne une très grande flexibilité pour pouvoir être capable de travailler puis d’opérer adéquatement dans le Grand Nord.
Capitaine Adam Orton : Donc vous avez parlé un petit peu de travailler dans la communauté, puis tu sais rencontrer les gens. Parlez-nous peut-être des expériences que vous avez eu au niveau peut-être un échange culturel ou quelque chose de ce genre-là.
Capitaine Carl Pelletier : Bien nous, en général là, à chaque fois qu’on déploie dans le Grand Nord, on va organiser dans le cadre de nos déploiements une activité culturelle à la fin de l’exercice. Ça fait que à ce moment-là, c’est la communauté qui va nous proposer des activités à faire avec eux. Puis en général, ce qui se passe, c’est qu’ils vont faire goûter aux soldats différents trucs comme du caribou cru, du poisson cru des trucs du genre ou du béluga cru de la balein crue, puis là les gens appellent ça un feast–là, ça fait que les gens vont participer à ça nos soldats. Puis ensuite de ça, ils vont inviter nos soldats à participer à des jeux inuits, ça fait que ça peut être, je vais dire les termes en anglais parce que c’est la façon qu’ils appellent ça là ça fait que, il y a le high kick, entre autres, puis il y a d’autres jeux avec plus de force là, c’est comme le jeu du boeuf musqué-là, ça ressemble à de la lutte grecque, ça fait que les gars se rentrent la tête l’un dans l’autre dans l’épaule puis là ils poussent puis c’est le premier qui sort du cercle qui va gagner. Il y a aussi bien le souque à la corde. Ça fait qu’on va participer en formant des équipes contre les inuits. En général je vous dirais que les inuits gagnent toujours, parce que ça reste que c’est des gens qui sont très forts. Puis sinon bien on organise aussi souvent des activités plus traditionnelles avec les Rangers. Ça fait que ils vont montrer à nos soldats comment pêcher sur la glace avec des filets puis ils vont aussi leur montrer quand on peut là, comment chasser le caribou, puis comment aller à la chasse au phoque, mais c’est bien sûr c’est les inuits qui vont faire ça. Ça sera pas les soldats qui vont tuer les bêtes. Ça fait partie de qu’est-ce que les inuits vont montrer à nos soldats.
Naturellement souvent la pêche au phoque, ça dure des heures et des heures sans aucun succès parce que on voit le trou mais on ne voit pas l’animal. Ça fait que c’est un peu le partage, c’est toujours très apprécié par les soldats. C’est souvent les meilleures histoires qu’ils vont retenir, c’est qu’est-ce qui s’est passé à la journée culturelle à la fin.
Capitaine Adam Orton : Là tantôt vous avez décrit les exercices que vous faites un petit peu, comme l’aide au personnel qui est là, peut-être la recherche et la rescousse on en a de besoin, quand vous faites de l’entraînement, quelle sorte de scénario est-ce que vous avez? Est-ce que vous pouvez nous en décrire un?
Capitaine Carl Pelletier : Nous, au niveau de la 2e Division, du Canada, le plan d’entraînement pour la compagnie arctique, est à deux volets. Il y a un volet d’entraînement de fin de semaine ce qui est de trois à quatre fins de semaines, on appelle les exercices toundra. Ça c’est les exercices préparatoires pour la compagnie arctique donc dans ça ces exercices-là vont être adaptés à chaque année selon la mission qu’on va devoir accomplir sur notre exercice de validation annuelle qu’on appelle guerrier nordique. Ça c’est un Nordique EX donc c’est un exercice nordique qui est le nom qui a été attribué par la 2e Division, pour la validation de la compagnie arctique, donc dans ces entraînements-là, les entraînements de fin de semaine, les soldats vont se préparer au scénario qui va être joué durant guerrier nordique. Donc, chaque année ça va être adapté. C’est certain que une de ces fin de semaine là, va être réservée pour la préparation du matériel à déployer dans le Grand Nord. Donc tous les gens vont revoir, vont vérifier leur traineau, leur tente, tout leur équipement de chauffage éclairage, puis on donne la flexibilité au commandant de section puis à leurs adjoints, d’adapter leur traîneau selon la manière qu’ils fonctionnent dans le Grand Nord. Donc s'ils ont besoin de plus de corde, on va leur donner plus de corde, plus de batteries, en anglais on dit tailor made. Ça fait que c’est vraiment ajusté à comment les gens opèrent sur le terrain parce que notre personnel commence à avoir beaucoup d'expérience depuis les 10 dernières années ça fait que, chaque commandant de section, adjoint de section ou adjoint de peloton a sa manière de travailler qui fonctionne pour lui puis on leur donne la flexibilité de s’ajuster en conséquence.
L’important pour nous dans tout ça là, c'est que rendu à guerrier nordique, les soldats sont pas juste capable de survivre dans l’Arctique mais sont capable de travailler. Parce que qu’est-ce qu’on inculque à nos soldats, qui est une grosse différence avec des troupes qui ont jamais déployé dans le Grand Nord, c'est quand on va là-bas, on va pas là pour survivre, mais on va là pour travailler. Donc il faut être capable de sortir de la tente même si il fait -70, puis de travailler, conduire des opérations pour, si il faut faire de la recherche et sauvetage, pour des gens perdus ou des blessés, bien il faut être capable de y aller dans des temps raisonnables.
Ça fait que tout ce qu’on fait sur les entraînements toundra de fin de semaine, et sur nos exercices de validation de guerrier nordique bien c'est pour être prêt à basculer en dessous de la force opérationnelle interarmée nord FOI-Nord si jamais on est appelé à se déployer dans leurs zones d’opération.
Capitaine Adam Orton : Là, on a parlé un petit peu des Rangers, mais quel autre organisme est-ce que vous opérez avec dans le Grand Nord?
Capitaine Carl Pelletier : Bien nous selon la mission qu’on va devoir accomplir, dans le passé, on a travaillé avec différents organismes gouvernementaux comme Environnement Canada, ressources naturelles Canada, qui eux peuvent nous supporter en infrastructure exemple quand on va à Eurêka bien c’est Environnement Canada qui est en charge de la station météo là-bas, donc on va travailler avec eux de concert pour supporter nos opérations. Ensuite on a aussi des partenariats avec les forces étrangères, les forces alliées, donc, à chaque année, quand on peut, on a un échange réciproque avec des gens de la garde nationale aux États-Unis. Ils viennent du Vermont ça fait que souvent on va amener avec nous une à deux sections.
Ça fait que d’autres années on a travaillé, en 2018, j’ai été à Alert avec les Américains, sur un projet eux qu’ils avaient de faire atterrir leur Hercule avec des skis sur la banquise. Ça fait que j’ai déployé avec eux là, au Groenland pour ensuite aller à Alert à la station des Forces canadiennes, le point le plus nordique au monde. Ça fait que ça a été très intéressant, une expérience unique pour moi. Ça fait que dans mes 500 + jours dans l’Arctique dans toutes sortes de conditions, je peux dire que j'ai atteint l’objectif suprême d’aller à Alert. Ça fait que j’étais bien content de ça.
Capitaine Adam Orton : Il y a des gens qui seraient peut-être pas d’accord, que c’est l’objectif suprême.
Capitaine Carl Pelletier : Et bien pour les gens de la communauté des opérations arctique Alert c’est pas mal dans la liste des choses à accomplir dans une carrière.
Capitaine Adam Orton : Bien c'est intéressant, juste avant qu’on commence à enregistrer, je parlais avec mon ingénieur ici, puis il disait que tu sais c’est pas tout le monde qui veut aller dans le nord dans le Grand Nord où y fait froid puis tout ça. Mais tu sais je pense que pour certaines personnes, moi j’ai toujours été intéressé vois-tu justement à travailler dans le Grand Nord. Pour certaines personnes c’est peut-être plus un défi, qu’est-ce que vous en pensez?
Capitaine Carl Pelletier : Bien moi, comme je dis tout le temps à nos soldats, le Grand Nord c’est une opportunité unique. C’est sûr que c’est pas fait pour tout le monde. Moi j’adore ça puis c'est pour ça qu'il n’y a pas grand monde qui veut ma job. Au QC ils disent souvent il est complètement craqué lui, mais moi j’aime ça puis c’est un environnement unique. Ça fait que moi je dis si vous avez l’opportunité, faut y aller. Une fois dans une vie là, ça vaut le coup. Puis souvent les gens veulent pas y aller, mais une fois qu’ils sont allés bien ils veulent y retourner.
Capitaine Adam Orton : [Rires] J’imagine! Peut-être une dernière question pour mettre ça tout ensemble. On parle souvent au fur des dernières années de la souveraineté de l’Arctique puis des ressources dans le nord, pourquoi est-ce que c’est important pour l’Armée canadienne d’opérer dans le nord ou dans le Grand Nord?
Capitaine Carl Pelletier : La première raison, le premier objectif, c'est bien sûr d’être capable d’assurer notre souveraineté, la souveraineté canadienne c’est un des mandats de la Défense dans la stratégie de défense donc ça c’est très important. Puis la deuxième, bien c'est comme on a parlé là durant l’entrevue c’est que si il y arrive un problème majeur dans le Grand Nord bien il faut qu’il faut que les Forces canadiennes soient en mesure de déployer des forces qui sont adaptées à travailler dans cet environnement-là. Puis au niveau de la compagnie arctique bien c'est un peu ça le but derrière la mise en place de cette capacité-là, c'est d'être capable d'avoir des gens qui sont prêts à travailler là-dedans qui ont l’expérience, qui ont été confronté à l’environnement hostile puis qui vont être capable de réaliser des missions là-bas, puis de tâches bien précises.
Ça fait que ensuite de ça bien, c'est sûr que on est prêt aussi à supporter tout autres types d’opérations, exemple si un autre ministère du gouvernement canadien a besoin de soutien de la Défense bien on va être prêt à aller les aider soit en matériel, en équipement en personnel pour les aider à accomplir leurs objectifs aussi ça fait que il y a différents buts derrière les opérations dans l’Arctique, mais c’est pas mal les principaux qui naturellement bien assurer la liaison entre les communautés puis aussi entre les différents paliers de gouvernements puis les communautés comme on a vu récemment avec la Covid. Au Québec, bien le 2e Groupe de patrouilles Rangers a été appelé à aller supporter les communautés dans le Grand Nord du Québec pour soutenir les mesures mises en place pour contrer le Covid puis la pandémie. Ça fait que c’est très utile ces différents objectifs pour lesquels la Défense, le ministère de la défense soit capable de travailler dans le Grand Nord puis d’assurer le soutien à ces régions-là qui sont très loin-là. Juste aller à Resolute de Québec c’est 6 heures d’avion. C’est à peu près l’équivalent d’aller en Floride, mais dans la direction inverse ça fait que ça paraît pas vaste mais le Canada, c'est très très vaste.
Capitaine Adam Orton : Oui, on n’y pense pas tout le temps mais vous avez entièrement raison. Peut-être avant qu’on ferme ça, est-ce que vous avez quelque chose que vous voulez ajouter?
Capitaine Carl Pelletier : Non mais moi la dernière chose que je pourrais ajouter, c'est que comme j’ai mentionné, le nord c'est un environnement unique au monde puis j’invite tout le monde qui ont l'opportunité d’y aller, à y aller. Ne pas avoir peur d’entendre des histoires à -60 puis tout ça mais au bout de la ligne, notre équipement est très bon. Quand on va là-bas, il y a toujours des gens avec beaucoup d’expérience que leur rôle c’est de transmettre leur expérience. Ça fait qu’au final, quand les soldats reviennent souvent, ils avaient des craintes au début. Une fois qu’ils sont allés, ils ont adoré leur séjour. Nous, quand qu’on va là-bas bien on essaie toujours de rendre ça super intéressant pour les soldats avec des scénarios d'exercices puis d'entraînement qui sont aussi uniques, adaptés avec qu’est-ce qu’on fait là-bas ça fait que. Mais moi personnellement c’est un environnement que j’adore. Je suis là-dedans depuis plusieurs années. J’en demande encore, j’en ai jamais assez.
[Musique commence]
Capitaine Adam Orton : On apprend toujours! Bien merci beaucoup pour nous avoir joint via la magie de l’Internet.
Capitaine Carl Pelletier : Oui bien ça m’a fait plaisir, puis en espérant que je vais avoir donné le goût à des gens d'y aller.
Capitaine Adam Orton : Parfait! C'était le capitaine Carl Pelletier du Groupe-compagnie d’intervention dans l’Arctique. Je veux aussi faire mention de la Course de l’Armée du Canada qui demeure dans un format virtuel cette année et les inscriptions sont ouvertes, je l’ai fait moi-même, c’est une belle expérience puis c'est un événement qui redonne aux soldats via des charités. Donc visitez le site armyrun.ca/fr et prenez avantage des prix incitatifs qui terminent le 31 mars. C'est pour une bonne cause, je vous encourage fortement.
Moi je suis capitaine Adam Orton pour Le balado de l’Armée canadienne prenez soin de vous.
[Musique termine]