Éclaireurs-patrouilleurs (S3 É10)
[Musique commence]
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : C’est ce que tout le monde qui a joint l’armée pensait qu'il allait faire quand ils ont joint l’armée. Tout ce qui est intéressant et cool que je pensais que j’allais faire quand j’avais 15 ans, puis je l’ai tout fait dans ce cours-là.
Capitaine Adam Orton : Salut! Ici capitaine Adam Orton avec Le balado de l’Armée canadienne!
Nous sommes à Trenton au Centre d’instruction supérieure en guerre terrestre de l’Armée canadienne aussi connu sous le nom CAAWC, le centre d’excellence pour plusieurs cours spécialisés.
Le cours d’éclaireur-patrouilleur est le test ultime pour un soldat canadien. Ici pour nous introduire à toutes choses d’éclaireurs-patrouilleurs, nous avons le capitaine Pierre-Alexandre Dufour du 3e Bataillon, Royal 22e Régiment et aussi un instructeur sur le cours de 2021. Bienvenue au balado!
[Musique termine]
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Merci de m’avoir aujourd’hui!
Capitaine Adam Orton : Donc, c’est quoi un éclaireur-patrouilleur? Qu’est-ce que ça mange en hiver?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : C’est un soldat qui effectue des reconnaissances à moyennes et longues portées, qui se spécialise dans l’insertion et l’extraction de forces amies, principalement des forces aéromobiles, des forces aéroportées ou des forces amphibies, et qui offre aux brigades une capacité interne à reconnaître des objectifs et qui permet le mouvement de troupes amies à l’intérieur du battle-space.
Capitaine Adam Orton : Donc, dans le fond, il prépare des positions pour que les forces alliées viennent faire leurs attaques.
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : On prépare des positions pour insérer le gros des forces pour que ces forces-là puissent aller vers leur objectif pour remplir leur mission.
Je vais essayer de te donner un scénario assez large ou je vais essayer de le mettre en image : imagine-toi on est une brigade qui est arrêtée soit dans le champ ou on a des forces qui attendent de pouvoir rentrer sur un terrain par la mer. Donc, on fait appel aux patrouilleurs-éclaireurs, un peloton va se préparer, va rencontrer le commandant de la force qui est à être inséré à faire arriver dans l’espace de bataille. Le peloton de patrouilleurs-éclaireurs va ensuite choisir la meilleure façon de s’insérer que ce soit par hélicoptère, en rappel ou en sautant à l’eau, à la nage, par bateau à moteur, en sautant en parachute, véhicule, en marchant, peu importe.
Capitaine Adam Orton : Grosse liste.
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Une fois qui sont arrivés sur le terrain, vont aller prendre une position de cache, aller se cacher à l’abri des regards, à l’abri de l’équipement adverse qui pourrait les rechercher, contacter, en arrière faire sûr que leur patron sont au courant de où ils sont, puis de leur intention. Vont ensuite se déplacer, trouver un endroit qui fonctionne pour insérer la force ou l’équipement pour lesquels ils seront présents. Un champ pour faire atterrir des parachutistes, une carrière pour faire atterrir des hélicoptères, une plage pour des forces amphibies. Vont s’installer, surveiller cet endroit-là pendant quelques heures, une couple de journées, dépendant du temps qui leur est alloué, marquer l’endroit, la sécuriser, la relayer à la force qui attend d’entrer. Vont aller reconnaître la route, faire l’objectif de cette force-là, reconnaître l’objectif, le surveiller pour que quand le commandant qui va prendre le commandement de cet espace de bataille-là soit au courant de ce qui se déroule, puis qu’il soit prêt à faire l’assaut ou peu importe la tâche qui lui a été donnée. Ensuite, la partie cruciale du travail des patrouilleurs-éclaireurs va être de gérer cette insertion de personnel ou d’équipement, les guider jusqu’à leur point de rendez-vous pour qu’ils se réorganisent, les amener jusqu’à leur objectif, puis de là, généralement, ça va être le moment de s’extraire pour commencer à préparer leur prochain bon vers l’avant.
Capitaine Adam Orton : Pourquoi est-ce que c’est important d’utiliser toutes ces plateformes-là? Comme on a l’insertion aérienne, ou amphibie ou peu importe. Les éclaireurs, pourquoi faut qu’ils soient entraînés sur toutes ces choses-là?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Parce que ça permet au commandant d’avoir des options, de pas se limiter à une seule forme ou à un seul terrain. Donc c’est une des particularités des choses qui fait que le patrouilleur-éclaireur est une capacité importante pour l’armée. C’est son habileté à s’insérer sur tous types de terrain par l’air, par l’eau, par le sol, dans toutes les conditions météorologiques de jour comme de nuit.
Capitaine Adam Orton : Qu’est-ce qui faut faire pour devenir un éclaireur?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Pour les militaires du rang, ça prend un cours de parachutiste militaire que ce soit parachute rond ou un parachute carré. Ça prend un cours de reconnaissance de base. Ça prend le cours de leadership pour les caporal-chef. Puis pour un officier, ça prend juste d’être qualifié dans son métier.
Capitaine Adam Orton : C’est quoi la différence entre ces deux parachutes-là, des parachutes carrés puis des parachutes ronds? C’est quoi la différence?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Un parachute rond, c’est la méthode d’insertion pour des gros groupes de soldats. On parle de, par exemple, une compagnie aéroportée; on parle de 1200 à 800 pieds, parachute de masse qui n'est pas dirigeable. Parachute carré, on parle de parachute soit qui va être déployé par static line ou un parachute avec quelqu’un qui va faire de la chute libre, ou on parle d’altitude plus haute. Mais principalement, on parle d’un parachute qui est dirigeable. Donc on peut atterrir de jour comme de nuit dans des zones d'atterrissage qui sont beaucoup plus restreintes.
Capitaine Adam Orton : Donc, c’est qui qui devient éclaireur? C’est quels métiers deviennent éclaireurs?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Principalement, c’est des fantassins. Mais il y a eu d’autres métiers qui ont été sur le cours qui ont eu la qualification comme des ingénieurs de combat. Puis dans le concept d’un groupement d’éclaireurs-patrouilleurs, il y a un besoin pour oui des ingénieurs, oui des fantassins, mais aussi des signaleurs, aussi des membres de l’artillerie qui soit font partie d’un groupement FOO, d’un groupement JTAC pour aider à amener des rondes d’artillerie sur l’objectif ou encore diriger les avions. Donc c’est un cours qui est ouvert pas mal à toute l’armée.
Capitaine Adam Orton : Ça fait que si on a tous ces supporters-là, qu’est-ce que ça a l’air comme groupement tactique? Est-ce qu’ils sont tous ensemble? J’imagine que y’a pas une grosse compagnie de patrouilleurs-éclaireurs. Donc, comment est-ce qu’ils sont groupés ensemble?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : En ce moment, non en effet, y’a pas d’organisation formelle qui existe qui regroupe les patrouilleurs-éclaireurs. On va les trouver à l’intérieur, en ce moment, à l’intérieur des patrouilles de reconnaissance, des bataillons d’infanterie pour la majorité. Un groupement, on verrait, n’importe quoi qui va d’un détachement jusqu’à un peloton à l'intérieur duquel comme j’ai dit on aurait tout le personnel en support aux éclaireurs-patrouilleurs.
Capitaine Adam Orton : Comment est-ce qu’on forme des patrouilleurs-éclaireurs? Qu’est-ce qu’on entraîne pour tous ces rôles-là?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Le cours est sur 12 semaines constitué de grosso modo sept phases. La première phase, ça va être la phase de test physique, puis de longue marche. Donc une marche de plus de 20 km, 80 lb avec l’attirail de combat complet. Une phase de navigation qui va commencer avec la planification de routes, des cartes de routes, apprendre à faire de la triangulation, puis qui va culminer avec une navigation d’un point inconnu vers un point connu de jour comme de nuit sur une distance de quelques dizaines de kilomètres. Ensuite, les candidats vont être amenés à faire une standardisation de leur tactique au niveau de section, au niveau de peloton, pour s’assurer que pour le restant du cours l’entité qui a été créée pour le cours fonctionne sur des bases qui sont communes. Ensuite, ils vont être amenés à faire de la conduite après la capture. Donc un cours de survie, évacuation, évasion, résistance et extraction pour préparer les patrouilleurs-éclaireurs à opérer potentiellement derrière les lignes ennemies.
Ensuite vient la phase, la Blue Phase où les candidats vont être amenés sur une des deux côtes canadiennes apprendre à planifier et à opérer à partir de plateformes de la marine que ce soit des navires ou des petites embarcations; opérer dans l’eau salée avec les hélicoptères maritimes, puis aussi de voir différents terrains, différentes plages, différents reliefs pour les berges.
Et finalement, la dernière partie du cours qui est l’exercice final, qui va regrouper tout ce qui a été appris durant le cours qui se tient à chaque année dans des endroits différents, majoritairement sur des terrains d’entraînement. Mais aussi à l’extérieur, puis qui va regrouper tous les types de missions qui ont été enseignées aux patrouilleurs-éclaireurs, puis qui vont être évalués sur leur habileté à commander une section de patrouilleurs-éclaireurs sur une mission, puis aussi à être l’adjoint de cette section-là.
Capitaine Adam Orton : Là, vous avez fait mention que l’entraînement, ça arrive sur les bases, mais aussi que vous sortez de la base. Pourquoi est-ce que c’est important de faire de la formation en dehors de la base?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : C’est important de le faire parce que ça permet aux candidats de travailler avec des agences gouvernementales comme la Garde côtière, les services policiers. Ça permet aussi d’ajouter beaucoup de réalisme en ayant des zones d’entraînement qui sont différentes de ce qu’on retrouve dans les secteurs. Donc c’est pas seulement des secteurs de champ de tir, mais il y a des champs, des bâtiments, il y a des civiles, il y a des véhicules. Alors ça ajoute du réalisme à l’expérience, mais aussi un niveau de complexité dans la planification et l’exécution de ces missions-là qui permet aux patrouilleurs-éclaireurs d’apprendre, puis de développer ses capacités.
Capitaine Adam Orton : Oui, ça sonne quand même assez intense comme entraînement.
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : C’est assez complet. Le cours en entier, tout ce qui est vu, autant travailler avec l’aviation que travailler avec la marine, c’est ce que tout le monde qui a joint l’armée pensait qu’il allait faire quand ils ont joint l’armée. Tout ce qui est intéressant et cool que je pensais que j’allais faire quand j’avais 15 ans, puis j’ai commencé à réfléchir à joindre, je les ai toutes faites dans ce cours-là.
Capitaine Adam Orton : Ça fait que c’est quoi le défi de tout cet entraînement-là? Comme c’est sûr qu’on fait des affaires cool. Vous avez des insertions aéroportées, mais c’est quoi la partie difficile de l’entraînement? Qu’est-ce qui demande de l’endurance?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Les défis sont physiques et mental. Physique, c’est la charge qu’on transporte pour des longues périodes. On parle d’environ 100 lb pour souvent 10 à 12 heures, mais mental aussi parce que c’est un entraînement qui est technique où ce qu’on va avoir à apprendre différentes techniques pour la nage, différentes techniques pour le rappel, aussi différentes façons de coordonner, que ce soit avec la force aérienne ou que ce soit avec la marine. Sur tout ça, on rajoute la fatigue qui va être avec chaque candidat du cours durant les exercices finals. Donc ça devient un challenge de performer durant les trois semaines. C’est comme un peu un marathon.
Capitaine Adam Orton : Avec tout ça là, comment est-ce que le monde gère leurs ressources? Physiquement, je suis sûr qu'ils sont vraiment fatigués avec tout le travail difficile physique qu’ils font. Puis, en plus de tout ça, mentalement, ils font des ordres puis des tâches compliquées. Comment est-ce qu’ils font pour survivre dans un environnement qui demande tellement d’endurance, puis en même temps, faut qu’on soit présent mentalement?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Pour la partie physique, on a fait un partenariat avec PSP, leur division des performances humaines qui ont fait beaucoup de recherches sur le cours. Puis c’est avec eux qu’on a développé un programme d’entraînement. Donc, pour le côté physique, c’est la meilleure façon de se préparer.
Pour le côté mental, en préparation, chaque candidat qui vient sur le cours est fortement recommandé d’aller participer à un pré-cours qui est donné par les bataillons légers de toutes les divisions pour avoir une idée de qu’est-ce qu’ils vont aborder sur le cours, avoir touché un petit peu à tout ce qu’on va faire, avoir une idée du type de mission qu’ils vont voir, puis comment la planifier. Puis, une fois que les candidats sont sur le cours, ça va être vraiment de gérer l’énergie, un peu comme si c’était un marathon. Se rappeler que à tous les jours, le soleil va se lever, puis qu’il y a une autre journée après, puis qu’il y a une journée plus proche d’avoir fini. Mais aussi vraiment se fier à son équipe puis se fier à ses pairs; puis pas hésiter à aller chercher tout ce qui te manque personnellement, peu importe ce qui va te manquer à peu importe quel moment. Si c’est du temps ou donc déléguer, puis se fier à son équipe beaucoup. C’est ce qui va alléger le fardeau personnel.
Capitaine Adam Orton : Ça fait que vous avez fait mention du PSP ou le programme de soutien du personnel, puis pour la majorité des militaires, on pense que c’est peut-être un instructeur d’entraînement physique qui fait un programme. Mais pour les patrouilleurs-éclaireurs, ça semble comme leur implication semble pas mal plus approfondie ici. Comment que ça marche ça?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Dans le cas du cours puis du programme qui est ici, c’est un effort qui été fait sur plusieurs années. Pour donner un exemple en 2017, quand moi j’ai fait le cours, on avait toutes les semaines, on avait des prises de sang, pour vérifier l’état un peu des candidats. On portait des moniteurs d’entraînement physique sur plusieurs de nos tâches pour savoir combien de calories étaient brûlées. L’hydratation, déshydratation, le heartbeat en général.
Donc c’est un travail qui ça fait maintenant plusieurs années que cette branche particulière-là de PSP à Ottawa suit le programme. Puis c’est avec eux qu’on réussit à développer un programme de préparation, mais aussi un support pour les candidats qui vont être sur le cours. Donc, un suivi avec des médics, un suivi avec des physiothérapeutes, un changement à l’alimentation, de la supplémentation, des choses comme ça.
Capitaine Adam Orton : Ça fait que ça c’est pas mal le soutien pour un cours d’entraînement. Je sais qu’il y a des entraînements qu’on fait qui sont pas mal plus approfondis, puis on pousse les gens physiquement, mentalement. Puis, souvent il y a des techniciens médicaux attachés au groupe pour faire sûr que tout le monde est correct. Mais, il me semble que le cours de patrouilleur-éclaireur, y’a pas mal plus de soutien pour l’exécution du cours. Pourquoi est-ce que c’est de même?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Parce que c’est une capacité pour l’armée canadienne qui est importante. Parce que c’est souvent appelé le cours le plus difficile de l’armée. Parce que le taux de passation, on tient vraiment à l’augmenter. On tient vraiment à avoir plus de patrouilleurs-éclaireurs dans nos rangs. Puis juste parce ce qui est demandé aux candidats qui sont sur le cours qui est vraiment un niveau au-dessus de ce qui est demandé sur les autres cours à travers l’armée. Puis aussi parce qu’on tient à limiter au plus les blessures, puis à s’assurer du bien-être physique de nos membres sur le cours. C’est pour cette raison-là que l’école ici prend ce soutien-là, puis ce support-là très au sérieux. C’est pourquoi on a fait partenariat avec PSP depuis des années.
Capitaine Adam Orton : C’est quoi le taux de passation du cours?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : On parle d’un taux d’attrition d’environ 60 % par année. Principalement dû à des échecs académiques. Le reste, c’est souvent dû soit à des blessures ou à des personnes qui se sont rendu compte que c’était peut-être pas ce qu’ils recherchaient finalement.
Capitaine Adam Orton : Oui, c’est sûr que un cours comme patrouilleur-éclaireur, s’il y a une blessure même mineure, on se fouille une cheville ou quelque chose, ça doit pas être facile de progresser dans le cours avec une blessure comme ça.
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Même des blessures mineures peuvent dérailler le cours d’un candidat, puis c’est une fonction de commandement pour les instructeurs sur le cours de s’assurer qu’une blessure mineure, malgré que beaucoup où tous les candidats qui viennent sur le cours démontrent souvent un vouloir en acier, souvent c’est important de leur rappeler que ça soit pas le dernier cours sur lequel ils peuvent être. Puis que potentiellement que, c’est mieux d’attendre un an puis de revenir l’an prochain guéri que de terminer le cours, mais d’avoir un genou qui fonctionne plus pour le reste de leur vie.
Capitaine Adam Orton : Oui, oui! C’est sûr! Puis avec toute votre expérience dans le domaine, en parlant de toute la complexité de ce qu’on a fait sur le cours, si y’a une chose que peut-être quelqu’un peut appliquer dans leur vie de tous les jours, peut-être que si y voudrait s’appliquer à devenir un patrouilleur-éclaireur, qu’est-ce que vous leur direz?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Premièrement, c’est de prendre la décision personnelle de vouloir devenir le meilleur soldat que vous pouvez être. Après ça, c’est d’aller à dfit point ca à trouver le programme d’entraînement, de préparation à l’entraînement physique qui a été fait par les PSP spécialement pour le cours. Vous y mettre, préparation physique. Ensuite, ça va être de parler avec votre chaîne de commandement, premièrement avoir leur appui à être envoyé sur un pré-cours dans les bataillons légers. Comme ça vous allez avoir une bonne idée de qu’est-ce qui va être sur le cours, puis de où sont vos faiblesses et vos forces. Puis ensuite, c’est de venir ici sur le cours, puis de prendre chaque journée une à la fois.
Après ça, la plus difficile partie, c’est de porter la torche. À partir du moment où vous allez être qualifiés, autant vos subordonnés que vos pairs vont vous regarder en exemple, puis vos supérieurs vont s’attendre beaucoup de vous parce que vous allez avoir démontré une endurance physique, une endurance mentale, puis une capacité qui dépasse celle de vos pairs. Donc pour le reste de votre carrière après ça, on va vous remettre en cadeau plus de travail généralement. [Rire]
Capitaine Adam Orton : Oui! Oui! C’est ça! La grosse victoire : plus de travail, parce que tu as bien travaillé. Mais au moins en espérant que c’est du travail qu’on va aimer.
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Du travail qui est intéressant, du travail qui est jamais coincé dans des concepts ou une doctrine qui est coulée dans du ciment. Donc c’est quelque chose qui est énergisant quand on travaille dans un domaine ou une spécialité qui veut continuer d’avancer.
Capitaine Adam Orton : Oui! J’aime bien ça! Vous avez entièrement raison ici parce que, c’est une bonne mentalité d’avoir que c’est des outils dans notre coffre d’outils à la place d’avoir une marche à suivre où tu fais ça comme ça. C’est plus que, ça c’est des choses qu’on peut utiliser pour plus réussir dans notre projet. Tu sais, dans votre cas c’est plus opérationnel, mais c’est une bonne mentalité d’avoir des outils dans le coffre d’outils qui nous servent bien.
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Oui! Exactement! Puis ça va s’appliquer autant pour un soldat qui va rester dans un peloton de reconnaissance que pour un officier qui va… ou même un NCO qui va devenir plus sénior. Ça va être quelque chose, ça va être des outils qui vont être applicables pour le reste de la carrière. Puis c’est une connaissance de soi-même aussi de ses forces puis de ses faiblesses qui va permettre à n’importe qui de pouvoir continuer à travailler à être meilleur, à savoir c’est où sa limite, c’est quoi les signes puis les signaux d’alarme qu’il y a quand que à l’interne de quelqu’un quand il pense avoir atteint sa limite, comment les repousser. Puis, personnellement, où sont vos propres faiblesses pour que vous ayez après ça quelque chose à travailler pour le restant de votre carrière pour devenir un guerrier plus assidu, puis mieux développé.
Capitaine Adam Orton : Donc, peut-être pour terminer, est-ce que vous avez une bonne histoire patrouilleur-éclaireur qu’on pourrait entendre?
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Bien, pour donner un exemple un peu de comment le cours est à l’extérieur de ce que quelqu’un qui a fait sa carrière dans l’armée a vu généralement, durant une des missions qu’on m’avait donnée, on était sur une frégate de la marine, dans une salle. On m’avait donné une salle pour préparer mes ordres. Puis, au moment où je suis venu pour commencer à les passer, puis j’ai réuni mon équipe. Puis le bateau s’est mis à faire, je sais pas si il évitait, faisait des manœuvres d’évitement de torpilles ou peu importe, mais il s’est mis à tourner probablement le plus dur qu’il pouvait à droite, puis à gauche. Puis on a très vite vu que on avait une salle de personnes qui avaient pas de, on appelle ça des sealegs. Tout le monde avait l’impression de faire un peu de danse en ligne. Ça fait que c’était assez difficile de jouer, de pointer une maquette, puis de jouer avec nos jetons pour faire nos pratiques. C’est quelque chose que je n’étais pas prêt, puis j’avais pas pensé.
Capitaine Adam Orton : Oui, c’est ça!
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : En étant sur un navire.
Capitaine Adam Orton : Oui, c’est vrai parce qu’on est tellement habitué à faire des affaires d’armée, puis tout à coup, tu sais, on se fait pitcher sur un navire puis là on est, tu sais, on est pas habitué à faire des affaires de navire. Ça fait que les choses ne marchent pas exactement comme qu’on veut.
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Les conditions étaient pas exactement les mêmes. J’étais habitué de donner des ordres en dessous d’une tente, puis la tente généralement elle bouge pas autour de moi.
Capitaine Adam Orton : Oui, puis il faut s’entendre que la marine, c’est normal pour eux-autres. Sont habitués, puis il y a peut-être des affaires culturelles que nous autres on n’est pas habitués à faire. Mais, c’est sûr que si eux-autres étaient dans l’armée, ils seraient peut-être pas habitués à notre environnement non plus là.
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Oui, puis c’est une des raisons pour laquelle la qualification d’éclaireur-patrouilleur est valable, puis qu’elle est recherchée au sein des unités. C’est que ça produit des chefs puis des commandants qui ont l’expérience de travailler avec autant la force aérienne que la marine. Donc, ils ont eu l’expérience, le langage qui est différent, la culture qui est différente, puis qu’ils sont capables de transmettre autant leur besoin, puis de planifier une mission conjointe. Puis c’est aussi des personnes qui vont avoir travaillé avec tout l’équipement qui est offert à l’intérieur des Forces armées canadiennes autant des aéronefs, les drones, du navire de guerre jusqu’aux embarcations à moteur. C’est une qualification qui rend les soldats très versatiles.
[Musique commence]
Capitaine Adam Orton : Bien, si j’ai bien compris la morale de l’histoire, c’est la versatilité c’est la clé. Bien merci d’avoir venu au balado. C’est bien apprécié.
Capitaine Pierre-Alexandre Dufour : Ça me fait plaisir d’être ici.
Capitaine Adam Orton : Ça c’était le capitaine Pierre-Alexandre Dufour du 3e Bataillon au Royal 22e Régiment, ici pour nous parler des patrouilleurs-éclaireurs.
On s’approche de la saison quatre donc si vous avez des bonnes idées, notre adresse courriel est dans les notes du balado. Écrivez-nous, puis on va voir ce qu’on peut faire pour vous donner qu’est-ce que vous voulez.
Moi, je suis capitaine Adam Orton pour Le balado de l’Armée canadienne. Prenez soin de vous!
[Musique termine]