Cours de commandant d’équipe de combat (S1 É7)
[Musique commence]
Lieutenant-colonel Christian Caron : Le problème auquel on fait face c’est souvent un problème d'entrer en contact avec l'ennemi et de le détruire.
Lieutenant Adam Orton : Salut! Ici lieutenant Adam Orton avec Le balado de l'Armée canadienne. Et aujourd'hui, je parle avec le lieutenant-colonel Christian Caron qui est le commandant sortant de l'école de tactique à Gagetown, et on va parler du cours de commandant d'équipes de combat. Bonjour monsieur, comment ça va?
[Musique prend fin]
Lieutenant-colonel Christian Caron : Bonjour Adam, ça va bien, toi?
Lieutenant Adam Orton : Ça va très bien merci.
Lieutenant-colonel Christian Caron : Adam, merci beaucoup pour l'opportunité de m'adresser au personnel de l'Armée aujourd'hui, c'est très apprécié.
Lieutenant Adam Orton : Ah bien, ça me fait plaisir. Donc, pour commander du cours de commandant d'équipe de combat, on devrait pour commencer parler un petit peu de qu'est-ce que c'est un commandant d'équipe de combat? C'est quoi ça?
Lieutenant-colonel Christian Caron : Le commandant d'équipe de combat tout d'abord, c'est un officier des armes de combat. Donc c'est un officier de l'infanterie ou du corps blindé à cause de la définition qui suggère qu'une équipe de combat doit être basée sur un élément de manœuvre donc une compagnie d'infanterie ou un escadron de chars avec des éléments intégral ou attachés d'infanterie ou de char, ça a une implication directe sur qui peut être commandant d’équipe de combat. Comme je l'ai indiqué, un commandant de sous-unités d'infanterie ou un commandant de sous-unités du corps blindé, commandant d’escadron, commandant de compagnie d'infanterie. Ceci dit, le cours de commandement d'équipes de combat a des candidats des autres armes de combat, donc de l'artillerie et du génie de combat. Ces gens-là sont là pour participer aux cours, contribuer leur expérience et leurs connaissances dans leur métier à eux avec des majors de l'infanterie du corps blindés. Ils sont là pour comprendre comment une équipe de combat opère et fonctionne et comment mieux la supporter dans le futur, étant donné qu'une batterie d'artillerie ou un escadron de génie de combat doit opérer au niveau du groupement tactique et plus haut.
Lieutenant Adam Orton : Donc, comme que vous avez défini ça, on peut sous-entendre que les participants à ce cours-là ou les personnes qui sont impliquées dans ça, qui participent dans le cours qui sont pas dans l'infanterie ou dans les blindés, eux-autres sont plus là pour apprendre comment ça fonctionne, puis comprendre leur rôle dans le monde de ça?
Lieutenant-colonel Christian Caron : Oui, tout à fait. Ils sont là pour partager leurs connaissances, leur expertise à eux. Expertise que les commandants de l'équipe de combat de l'infanterie et du corps blindé devront synchroniser pour atteindre l'effet désiré sur l'ennemi. Donc, mobilité contre mobilité de côté génie et appui feu indirect tactique du côté d'artillerie, de façon à supporter la manœuvre par l'infanterie et le blindé pour détruire l'ennemi dans ce cas-ci.
Lieutenant Adam Orton : Comment devient-on un commandant d'équipe de combat?
Lieutenant-colonel Christian Caron : On devient un commandant de l'équipe de combat tout d'abord en étant un officier d'infanterie ou un officier du blindés. C'est le critère de base pour devenir un commandant d'équipe de combat. Cependant, l'équipe de combat, c'est un regroupement entre ad hoc de différentes armes comme le blindé, l'infanterie avec des éléments de l'artillerie, des éléments du génie et d'autres d'autres éléments. Par conséquent, on devient une commandant d'équipe de combat en étant un commandant de sous-unités d'infanterie ou du blindé. C'est le prérequis de base. Par la suite, on devient commandant d'équipes de combat lorsqu'on a l'opportunité d'opérer au sein d'un groupement tactique basé sur un bataillon d'infanterie ou sur un régiment blindé. Et que le commandant du groupement tactique en question, nous assigne à nous, commandant de sous-unités blindées ou d'infanterie des ressources de l’autre arme ainsi que d'autres ressources comme une équipe d'observateurs avancés, peut-être une section ou une troupe de génie, de combat, etc. Et tout ça afin d'utiliser ces armes-là de façon synchronisée afin d'avoir un effet sur un ennemi et de résoudre un problème très, très, très tactique, précis.
Lieutenant Adam Orton : Je trouve ça intéressant aussi que vous faites mention d'un effet. On pense souvent généralement que les gens pensent que l'armée, le seul fait qu'on a c'est détruire des choses. Mais on a la capacité de faire d’autre chose que juste ça, même si peut-être les fantassins croient que c'est rien que ça qu'on peut faire.
Lieutenant-colonel Christian Caron : Oui tout à fait. Lorsqu'on parle du spectre des opérations, on parle d'opération de stabilité aussi. Par conséquent, même si on parle toujours ou souvent d'opérations offensives ou on effectue une attaque dans la foulée pour détruire une position ennemie précise, on a aussi d'autres arcs ou d'autres cordes à notre arc si je peux le dire ainsi. Où on est capable d'effectuer des opérations de stabilité, on est capable de faire des opérations qui vont nous permettre de supporter une autre activité par une autre équipe de combat ou par un autre groupement tactique, par exemple. Mais je dois l'avouer, au niveau d’équipes de combat, au niveau du groupement tactique, le problème auquel on fait face c’est souvent une problème d'entrer en contact avec l'ennemi et de le détruire. Soit à partir d'une position défensive, soit à partir d'opérations inoffensives ou lors d'une marche à l'ennemi, donc des opérations qui nous permettent d'autres opérations.
Lieutenant Adam Orton : Donc on a parlé un petit peu de ce qu'est-ce que ça fait une équipe de combat. Qu'est-ce que le cours du commandant d'équipe de combat apprend aux personnes qui participent dans le cours?
Lieutenant-colonel Christian Caron : Les gens qui participent aux cours en retirent beaucoup. Premièrement, c'est les gens qui ont été sélectionnés, qui ont le bon bagage de connaissances, d'aptitudes et d'expérience pour être sur le cours. Mais une fois qu'ils sont sur le cours, ils ont l'opportunité de maîtriser et de perfectionner leurs connaissances, leurs habiletés. Ils ont l'opportunité d'en apprendre plus sur la doctrine, de réapprendre les techniques, les tactiques et les processus, les procédures qui sont applicables aux opérations interarmes, dans ce cas-ci, au niveau de l'équipe de combat. On leur donne l'opportunité de maîtriser, d'améliorer leurs aptitudes de communication, leurs aptitudes de leadership, et de commandement et de contrôle.
Lieutenant Adam Orton : Ça sonne comme des choses pas mal standard qu'on voudrait voir dans un commandant d'équipe de combat certainement. En ce moment, on regarde tous les outils qu'on a dans la boîte à outils pour l'équipe de combat, on a des DVBL, des chars d'assaut, des choses comme ça. Comment est-ce que le rôle de commandant d'équipe de combat a évolué au fil des années? Parce qu'on voit, comme en Afghanistan, par exemple, c’est vraiment un conflit asymétrique. Tandis que peut-être dans les années passées, on voit plus des forces paires dans le contexte de la guerre froide. Donc, comment les choses ont changé pour un commandant d'équipe de combat?
Lieutenant-colonel Christian Caron : Une question intéressante et complexe à la fois. Tout d'abord, j'aimerais indiquer que, selon moi, le combat est une entreprise complexe. Toutefois, malgré sa complexité, c'est aussi quelque chose qui est très, très simple, qui peut être défini à son essence comme étant quelque chose qu'on essaie d'effectuer ou qu'on veut gagner par l'offense. On veut initier le combat sur nos propres termes et non ceux de l'ennemi. On veut gagner rapidement et maintenir l'initiative sur l'ennemi. On veut construire un momentum rapide et gagner de façon décisive rapidement. En étant conscient de ça. je crois personnellement que ce qu'on enseigne ici sur le cours de commandant d'équipe de combat, donc les connaissances et les aptitudes qu'on donnent aux étudiants, aux candidats, aux futurs commandants de sous-unités, sont des aptitudes qui transcendent l'évolution du conflit que tu viens de mentionner.
L'Armée canadienne, les commandants de sous-unités, les commandants d'équipes de combat continuent de s'adapter de façon continuelle aux capacités nouvelles, aux menaces nouvelles, que ce soit des véhicules avec des capacités de survie ou les capacités de destruction supplémentaires, que ce soit de meilleures armes antichar, que ce soit de nouveaux systèmes d'intégration, de commandement et de contrôle ou que ça soit des missions différentes comme une mission au Mali et une mission en Afghanistan, une mission en Bosnie. Ce qu'on donne comme aptitude, ce qu’on donne comme connaissances et expérience à nos commandants d'équipe de combat sur le cours ici à l'école de tactique est fondamental. Le combat, un conflit est une expérience, est une activité humaine, et ce qu'on fournit à nos candidats, à nos étudiants, à nos gradués de l'école tactique du cours de commandant d'équipes de combat, ce sont les connaissances, les aptitudes et un certain niveau d'expérience acquise lors d'un exercice final où ils auront appris comment s'ajuster à la situation. Comment surmonter des problèmes et gagner dans un combat d'aujourd'hui et de demain.
Lieutenant Adam Orton : Et c’est sûr qu'on aime ça gagner, surtout dans le contexte d'un conflit?
Lieutenant-colonel Christian Caron : Tout à fait.
Lieutenant Adam Orton : Donc, jusqu'à ce point-ci, on a parlé pas mal des officiers, puis leur rôle dans une équipe de combat, mais aussi une grande partie de nos auditeurs, c’est des membres du rang, donc pourquoi est-ce qu'ils voudraient entendre parler d’un cours pour des capitaines puis les majors?
Lieutenant-colonel Christian Caron : Très bonne question Adam, et la réponse a plusieurs facettes selon moi. Tout d'abord, les membres du rang doivent comprendre qu'ils font partie intégrale de cette équipe de combat-là. Ils font partie intégrale des armes qui sont regroupées de façon à créer une équipe interarmes. Ils doivent comprendre le langage, doivent comprendre les techniques, les tactiques et les procédures employées par leur commandant d'équipes de combat. Selon moi, c'est important qu'ils comprennent. Qu'est-ce qu'une équipe interarmes? Comment elle est regroupée? Comment elle est constituée et comment elle est employée sur le terrain. Selon moi, ils doivent comprendre l'importance de leur rôle au sein d'une équipe de combat afin de supporter les objectifs du commandant de cette équipe et d'atteindre la mission qui leur a été assignée. Puis finalement, dans l'éventualité où une membre du rang aimerait devenir officier et que cette personne est sélectionnée à travers du processus rigoureux, à cet effet, elle aura l'opportunité de comprendre le cheminement qu'elle doit effectuer pour devenir un commandant d'équipes de combat ou si les attentes placées envers un commandant d’équipe de combat.
Lieutenant Adam Orton : Je trouve ça intéressant que vous faites mention de ça, particulièrement parce que, tu sais dans mon expérience, changer du côté membre du rang à un officier, la mentalité puis la manière qu'on regarde des problèmes, ça change un peu. Autant quand on aimerait croire peut-être que non. C’est vraiment, tu regardes les choses un petit peu différemment.
Lieutenant-colonel Christian Caron : Effectivement, même si on parle le même langage, même si on applique la même doctrine, les mêmes tactiques, techniques et procédures, les considérations d'un commandant de section de l'infanterie ou d'un sergent de troupe blindé, même s'ils ont plusieurs facteurs similaires, ne sont pas nécessairement les mêmes. Parce que le commandant d’équipe de combat doit faire l'utilisation optimum des armes qui lui sont fournies de façon à atteindre l'objectif désiré. Dans ce cas-ci, peut-être la destruction de l'ennemi lors d'une attaque dans la foulée, et ceci, en réduisant le plus possible les pertes en termes de ressources humaines et matérielles de son côté. Donc, la transition est importante parce que l'amplitude, l'ampleur des problèmes ou des facteurs à considérer est décuplée de façon significative.
Lieutenant Adam Orton : En parlent de ressources justement, donc on sait qu'une équipe de combat t’as multi armes y a des membres du rang, des officiers, tu as des ingénieurs, des blindés, artillerie, infanterie, tout le ‘kit’ est ensemble. Pour le cours comme tel qu'est ce que vous utilisez comme ressource pour instruire ces officiers-là comment exécuter leur rôle de commandant d'équipe de combat?
Lieutenant-colonel Christian Caron : Très bonne question encore une fois. Une question à laquelle je dois répondre en deux étapes. La première, c'est le cours de commandant d'équipe de combat comme tel, la portion théorique en résidence et bien l'école tactique est très bien équipée en termes de ressources humaines et matérielles pour livrer ce cours. On a des instructeurs expérimentés, très professionnels et connaissants dans le domaine de la doctrine et des opérations interarmes. On a l'équipe de support et on a les instruments et le personnel pour assurer la conduite des activités tactiques en simulation. Là où ça se complique, c'est lorsqu'on parle de la portion tactique du cours. Donc la simulation, mais en milieu physique, l'exercice comme tel. Dans le cadre de l'exercice, qui est d’une période d'à peu près douze jours, on dépend entièrement de la force opérationnelle, donc des divisions, des brigades, des bataillons régiments au sein des trois divisions canadiennes. Que ce soit un groupement tactique à base d'infanterie ou à base de chars, que ce soit le support en artillerie en ingénieur de combat et les autres ‘enablers’, on dépend entièrement de la force opérationnelle. Le cours de commandant d’équipe de combat dans son entité, dans sa composition actuelle, ne pourrait pas être livré sans eux. La portion des exercices en milieu réel requiert à peu près 1000 personnes, un total de 80 véhicules de combat, 19 chars Léopard, 61 véhicules LAV 3, LAV 6 maintenant ainsi qu'à peu près 100 véhicules de support de toutes dénominations. Tout ça pour supporter un cours qui a comme production un total de 36 étudiants, 36 futurs commandants de sous-unités, escadron, compagnie, batterie.
Lieutenant Adam Orton : Ça c'est pas mal de logistique pour un cours comme ça. On a 80 véhicules, on a tous les soldats, on voit souvent dans des exercices ou comme dans des cours de QL ou des scénarios d’entraînement généralement à la fin de tout cet entraînement-là. Il y a comme un exercice cumulatif où tout se passe en même temps, ou des chars se promènent, des VBL, des avions, des choses qui explosent partout, les fantassins courent partout, ils tirent sur tous. Qu'est ce que ça a l'air, l'exercice final pour le cours de commandant d'équipe de combat?
Lieutenant-colonel Christian Caron : Tout d'abord, le cours de commandant d’équipe de combat n'a pas d'exercice final en soi. Par conséquent, il n'y a pas d'évènement ultime comme tu viens de le mentionner. Cependant on a un exercice physique de deux semaines, 12 jours, au cours duquel les étudiants et candidats sont exposés à une simulation réelle des opérations de combat. Ils sont exposés à énormément de friction et de stress parce qu'ils travaillent sous la direction d'un commandant de groupement tactique qui lui est réel. Ils travaillent avec l’appui d’unité de sous-unité et d’une équipe de combat qu'ils ne connaissent pas. Ils sont exposés aux intempéries et si je me réfère à la session 2018 et 2019, on a vraiment été exposé à des températures à la Barbarossa en 1941, qui a eu des impacts significatifs sur la flotte de véhicules et qui a ajouté une friction énorme sur nos candidats sur le cours de commandant d'équipe de combat.
Ils sont aussi exposés à une deprivation ou une perte de sommeil et à des opérations intenses. De plus, même si on n'a pas un événement cumulatif, nos étudiants sont en commandement pendant 48 heures. La première période de 24 heures, ils sont exposés à une certaine planification des activités qu'ils auront l'opportunité d'effectuer le deuxième jour lors de la deuxième période de 24 heures. Le deuxième bloc de 24 heures, ils sont en commandement d'une équipe de combat. Ils vont exécuter des opérations qu’ils ont planifié la veille, par exemple, une avance, une marche à l'ennemi. Au cours de laquelle ils vont devoir réagir de façon rapide au changement de situation, au changement de tâche de mission assignée par le commandant du groupement tactique, ainsi que effectuer des regroupements dynamiques parce que le commandant du groupement tactique va vouloir créer des équipes de combat à caractère différent de façon à résoudre des problèmes spécifiques, des problèmes d'équipes de combat qu'il a créé dans son espace de bataille.
J'aimerais mentionner que les commentaires que j'ai des étudiants qui ont passé au travers des différentes itérations de 2017 lorsque je n'étais pas commandant, mais 2018, 2019, certainement, les commentaires sont que les étudiants apprécient l'effort mis en place pour leur offrir un entraînement qui est de très haute fidélité et qui les prépare très, très bien et de façon adéquate pour leur prise de commandement de sous-unités dans le futur.
Lieutenant Adam Orton : En parlant de les 48 heures qu'un officier va être en charge de leur l'équipe de combat, est-ce que vous avez des exemples de peut-être des situations ou des solutions originales à des problèmes pour utiliser un genre de culture populaire? Tu sais dans Star Trek où il y a le scénario Kobayashi Maru où il y a juste pas de chances de réussite, puis les gens ont tendance à prendre certains sentiers battus pour résoudre le problème. Est ce que vous avez vu des scénarios où ce que les gens ont vraiment pensé à une solution originale, créative pour surmonter une difficulté?
Lieutenant-colonel Christian Caron : J'apprécie-là ta référence pop culture comme tu as indiqué. Même si on aimerait tous croire qu'on est le nouvel Alexandre le Grand, le nouveau Rommel et peut-être même le nouveau Patton. Je dois avouer que ce n'est pas le but du cours. Je ne peux pas penser à un exemple qui répondrait à ta question, et j'aimerais stipuler que ce n'est pas la faute des étudiants. Ce n'est pas la faute à l'école tactique. On est limité dans le temps. On a énormément de matériel à couvrir. On a énormément de connaissances et d'habiletés à communiquer à nos candidats. Et le temps ne nous permet pas, malheureusement, ce genre d'extravagances. Ceci dit, si le temps le permettait, on a les habiletés, on a le matériel, on a les équipements requis pour créer un scénario à la Kobayashi Maru ou les étudiants feraient face à des situations où l’échec est certain.
Ceci dit, un échec dans l'exécution de la mission, si l'étudiant applique la doctrine, applique les techniques, les procédures et la tactique enseignée, mais ne réussit pas à effectuer la mission parce que, il ne ne faut pas se le cacher, l'ennemi a un vote aussi. L'ennemi va agir et réagir à nos actions, même si un étudiant ne devait pas réussir à l'exécution de sa mission, ça ne veut pas dire que l'étudiant en question devrait échouer. Mais comme mentionné, même si on n'a pas d'exercices à la Kobayashi Maru, j'aimerais stipuler que nos étudiants sont constamment challengé du côté de l'application de leurs connaissances, des doctrines, des techniques, de la tactique et des procédures.
Lieutenant Adam Orton : C’est sûr qu'on se croit tous des grands tacticiens. Mais évidemment, il faut certainement avoir une bonne base avant de commencer à penser en dehors de la boîte comme tel.
Lieutenant-colonel Christian Caron : Oui, tout à fait. Si tu me permets une petite note ici, évidemment on ne veut pas créer des gens doctrinaires dans leur approche. On veut s'assurer que les gens comprennent la doctrine, comprennent la tactique, les techniques et les procédures en place et lors de leur processus d'analyse et de reconnaissance du problème peuvent, au besoin, diverger de la doctrine et des TTP connus. Mais ils le font de façon consciente et réalisent les conséquences positives et négatives peut-être.
Lieutenant Adam Orton : Vous avez participé vous-même dans le cours. Qu'est-ce que cette expérience-là a apporté à votre commandement de l'école de tactique pour ce qui en est du cours de commandant d'équipe de combat?
Lieutenant-colonel Christian Caron : Ce que j'ai appris sur le cours, évidemment, je me répète un peu, mais la doctrine, les tactiques, les techniques et les procédures qui sont employées de façon à bien employer les capacités de chacune des armes constituent une équipe de combat, qui constitue l'équipe interarmes de façon à détruire, gagner, défaire l'ennemi. J'ai appris comment m'adapter à la situation, comment réagir aux changements de situation et comment gagner, si tu veux, lors de ces changements de situation. Ce que j'ai appris aussi, c'est comment bien communiquer mes intentions de façon claire et concise et j'ai appris ou eu l'opportunité d'améliorer mes aptitudes de commandement. Tout ça, combiné avec mon expérience comme commandant de sous-unités, combinée avec mon expérience comme commandant d'équipes de combat, m'ont permis lors de mon commandement, lors des deux sessions du cours de commandement d'équipe de combat de 2018 et 2019 d'offrir, selon moi, le meilleur entraînement possible; un entraînement qui est réaliste, un entraînement qui est d'une très grande qualité et qui prépare très, très bien nos commandant de sous-unités, nos futurs commandants d'équipe de combat lorsque la situation s'applique pour la situation d'aujourd'hui et de demain.
Lieutenant Adam Orton : Donc en parlant de la situation d'aujourd'hui on voit que pendant la pandémie de COVID-19 y a beaucoup de choses ont changé. Comment est-ce que la pandémie a affecté, comment le cours va se dérouler cette année, puis est-ce qu'il va avoir un cours cette année?
Lieutenant-colonel Christian Caron : Le cours de commandant d’équipe de combat session 20/20 va être offert, évidemment, dû à la pandémie COVID à ce nouvel écosystème où COVID est présent, un peu comme l'armée qui déploie les troupes sans l'exercice Maple Resolve, l'école de la tactique va effectuer le cours de commandant d'équipe combat de combat sans l'exercer en campagne dans ce cas-ci. C'est une exception, l'exercice en campagne est essentiel et ceci ne doit pas devenir la norme. C'est très important de le mentionner, un peu comme le Colonel Oberwerth a mentionné lors de la dernière entrevue avec toi. Évidemment, l'école de la tactique va mitiger le manque d'un exercice en campagne de différentes façons, de façon à s'assurer que les étudiants qui vont graduer de ce cours vont le faire en ayant maintenu des standards de très haut niveau.
Ça va être fait principalement ou effectué principalement par l'addition d'un deuxième exercice en simulation virtuelle, avec l'utilisation d'ordinateurs où les candidats seront présentés avec des situations ou des capacités ennemis et amis qu'on ne peut pas simuler en campagne seront présentes donc des avions d'aviation tactique; ils vont subir le feu indirect de l'ennemi. Ils vont devoir réagir avec l'emploi de mines. Ils vont devoir réagir avec l'emploi de troupes, non professionnelles. Donc, même s'ils sont dans un niveau où ils font face à un ennemi égal ou supérieur à eux, ils devront aussi réagir à des situations où il y aura l'utilisation de conflits asymétriques dans ce cas-ci. Donc un excellent niveau d'entraînement, même si ce n'est pas l'entraînement en campagne parce qu'on va leur offrir des défis auxquels ils n'auraient pas pu faire face en exercice en campagne dû aux limitations réelles.
Lieutenant Adam Orton : La vraie vie, c'est tout le temps meilleur, mais en même temps, il y a d'autres opportunités à apprendre d'autres leçons peut-être un petit peu différemment.
Lieutenant-colonel Christian Caron : Tout à fait, oui.
Lieutenant Adam Orton : Oui, je pense que ça c’est pas mal un bon ton pour achever les choses. Est-ce que vous voulez ajouter une dernière chose avant qu’on laisse ça?
Lieutenant-colonel Christian Caron : Bien si tu me permets, oui, j'aimerais mentionner le fait que le cours de commandement d'équipe de combat est une expérience exceptionnelle. C'est une expérience exceptionnelle pour les candidats qui ont l'opportunité de s'entraîner principalement en campagne avec de vraies troupes, un vrai commandement de groupement tactique, et avec l'opportunité de faire des erreurs sans conséquences parce que c'est un cours. C'est aussi une opportunité pour les groupements tactiques, qu'ils soient blindés ou infanterie, qui supportent ce cours. Cet exercice-là leur fournit un focus qui leur permet de se préparer pour l'exercice et un focus lors de l'exercice en tant que tel où tout le monde, que ce soit le soldat, le membre d'équipage, un char, que ce soit le commandant du groupement tactique bénéficie d'une expérience, d'un entraînement expérientiel exceptionnel.
J'aimerais aussi stipuler que on est probablement la seule nation du Groupe des cinq, donc l'Angleterre, Américain, la Nouvelle-Zélande et l'Australie qui investit autant d'efforts et de ressources pour préparer ses commandants de sous-unité. Les nations, les cinq yeux ont des cours qui préparent leurs commandants qui sont plus longs, plus courts, mais ne consacrent pas les troupes, les ressources comme on le fait pour un exercice en campagne. Et c'est ce qui fait en sorte que nos officiers, nos équipes de combat atteignent un niveau de professionnalisme qui est très élevé, selon moi, et qui fait de nous. Encore une fois, je cite le colonel Oberwerth, qui fait de nous une des armées ou une des meilleures armées du monde. Merci Adam.
Lieutenant Adam Orton : Merci beaucoup pour votre temps monsieur, c'est bien apprécié.
Lieutenant-colonel Christian Caron : Merci Adam, à la prochaine. Puis, bonne chance avec ton podcast.
[Musique commence]
Lieutenant Adam Orton : Merci monsieur, ça c'était lieutenant-colonel Christian Caron, le commandant sortant de l'école de tactique. N'oubliez pas de vous abonner à notre balado et pour l'Armée canadienne, vous pouvez nous suivre sur Facebook, Instagram, Twitter et YouTube. Prenez soin de vous.
[Musique prend fin]